Mary Shelley

d’Haifaa Al-Mansour Avec Elle Fanning, Douglas Booth (E.-U., 2017, 2 h) en salle le 8 août

Un portrait bancal mais fiévreux de la créatrice de Frankenstein. Mary Godwin est une jeune fille précoce. A 16 ans, elle préfère dévorer des romans gothiques que travailler dans la librairie familiale. A 17 ans, elle s’enfuit avec le poète Percy Shelley pour vivre une relation sulfureuse. A 20 ans, elle révolutionne la littérature anglaise en publiant Frankenstein, ou le Prométhée moderne.

On comprend ce qui a pu séduire Haifaa Al-Mansour, première femme réalisatrice d’Arabie Saoudite, dans ce projet en apparence hors temps et hors sol : l’émancipation d’une jeune femme dans une société corsetée par les traditions et dominée par les hommes. Mais plus que la trajectoire féministe, c’est la corde de la passion dévorante qui est choisie pour faire vibrer à l’écran ce destin singulier. Maladroit dans certains effets de style, le film n’évite par les écueils attendus du biopic d’artiste : tendance fâcheuse des personnages à la pontification, tentative de raccorder toutes les coutures de l’oeuvre aux détails biographiques de son auteur... Pourtant, le rythme effréné de l’ouvrage et son lyrisme fiévreux portent ces tropes à un degré d’incandescence étonnant, et permettent à Elle Fanning de composer un rôle à la croisée de son impressionnante filmographie. Apparition radieuse à l’inévitable devenir fantôme, conjuguant la mélancolie au désir et la maturité à l’innocence, l’actrice de 20 ans est elle aussi une jeune fille précoce.