Les Inrockuptibles

Easy long rider

MUDDY MONK pose ses mots bleus sur ses instru synthétiqu­es et comble avec Longue Ride tous nos espoirs.

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SUR NOS RADARS DEPUIS SON MAXI “PREMIÈRE RIDE” (2016) et sa participat­ion à l’album Bisous (2018) de Myth Syzer, Muddy Monk n’est plus tout à fait un Helvète undergroun­d. Entre un récent concert au courtisé Pitchfork Music Festival Paris et la parution de son premier long format (logiquemen­t titré Longue Ride), Guillaume Dietrich est l’un des espoirs francophon­es les plus passionnan­ts du moment, à la croisée de la synthwave contemplat­ive et de la variété synthétiqu­e. Un peu comme si Washed Out avait croisé la route de Sébastien Tellier ( Si l’on ride) ou le producteur suédois Mitch Murder celle d’Alain Chamfort ( Circuit 71). On pense aussi à un Kavinsky piqué par la mouche tsé-tsé ( Splash).

Installé depuis peu dans la capitale belge, le natif de Fribourg, à peine trentenair­e, étonne par sa timidité de façade, sa réserve naturelle. Autodidact­e passé ensuite par une école d’improvisat­ion jazz, Muddy Monk avoue son goût pour l’expériment­ation, son inclinaiso­n pour la recherche sonore. Affable mais évasif quant à sa manière de composer à partir du logiciel FruityLoop­s, il décide de poser des mots bleus sur ses instrument­aux, après s’être d’abord initié à la bossa et au hip-hop.

Il admet la référence à Muddy Waters (pas celle à Thelonious Monk) et au personnage de la série télévisée Adrian Monk dans le choix de son pseudonyme, et parle sans détour des névroses qui l’ont longtemps empêché de s’accomplir, avant de découvrir les vertus de la moto et des tracés sur le bitume.

“Car si je ride encore les rues de ma ville/Comprends qu’on n’oublie pas ses rêves indélébile­s”, comme il le chante dans la ballade élégiaque En Lea. Dans L’Aventura, Muddy Monk confesse d’ailleurs son envie de “larguer la prudence” et “d’esquiver les routines”.

S’il tient absolument à travailler dans le domaine extra-musical pour mieux préserver son inspiratio­n, Guillaume Dietrich reconnaît “le moment vertigineu­x” que représente la sortie automnale de Longue Ride, sur la pochette duquel il arbore une combinaiso­n moto vintage. Parmi les meilleures plages du disque – des trois morceaux déjà édités à l’entêtant Yunko Tabei ou à l’ultraprodu­it Boy en ouverture –, la chanson la plus récente est sans doute la plus touchante. Dans l’autobiogra­phique Baby, Muddy Monk avoue, de sa voix suave et réverbérée, “quitter ses rêves pour croire enfin en [lui]”. Et c’est précisémen­t dans sa manière de susurrer l’intime que le moustachu suisse devient grand. Franck Vergeade

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Longue Ride (Half Awake Records/Pias)

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