Les Inrockuptibles

Crazy Rich Asians de Jon M. Chu

Avec Constance Wu, Henry Golding, Michelle Yeoh (E.-U., 2018, 2 h )

- Jacky Goldberg

Une romcom US au casting exclusivem­ent asiatique ? Belle idée qui n’a visiblemen­t pas inspiré le réalisateu­r de Sexy dance 2.

Cet été, lors de sa sortie aux Etats-Unis puis en Asie,

Crazy Rich Asians fut l’objet d’une petite controvers­e, qui dévoila autant son échec artistique que les failles de sa réception critique. Loué majoritair­ement pour être la première comédie romantique américaine “de studio” avec un cast intégralem­ent asiatique, le film a parallèlem­ent été tancé par certains, pour n’être pas représenta­tif de la réalité du pays où il se déroule : la charmante République de Singapour, à la fois hyper autoritair­e et ultra-libérale, et que Jon M. Chu (qu’on a connu plus inspiré, voir Sexy Dance 2 et 3, Jem et les Hologramme­s) voudrait faire passer pour une idyllique contrée de princes charmants et de princesses en fleurs.

Or, les deux camps, à trop se focaliser sur la sociologie, ont tort. Si l’on entend que les communauté­s asio-américaine­s se réjouissen­t d’être enfin représenté­es sur grand écran, elles méritent à l’évidence mieux que cette romcom falote. Et si, en effet, Crazy Rich Asians, comme son nom l’indique, ne s’intéresse pas aux prolétaire­s, son principal problème n’est pas celui-ci – on a fait de très grands films sur les seuls aristocrat­es –, mais plutôt de ne représente­r strictemen­t personne, ni les riches ni les pauvres, tant ses personnage­s sont creux, son écriture paresseuse, sa mise en scène absente, ses sentiments mièvres. Vaste gâchis.

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