M pour Montréal
Le 15 novembre
Preuve que le festival reste en contact avec l’air du temps et ses mouvements, les années se suivent et ne se ressemblent pas à M pour Montréal. Cette année, la programmation était largement centrée sur le rap et ses nouvelles têtes québécoises. Parmi elles Rowjay est sorti de son quartier de Saint-Léonard pour exposer son carnaval de finesse franchement rafraîchissant. En toute décontraction, le “jeune finesseur”, comme il se surnomme lui-même, a déployé des hits addictifs comme Vente de rêve ou Manoir pour s’imposer comme l’une des découvertes les plus convaincantes du festival. On l’attend de pied ferme à Paris. A quelques mètres, c’est dans une tout autre ambiance que le trio Adelaida a défoncé les murs du Café Cléopâtre, un club de strip d’un autre âge planté sur le boulevard Saint-Laurent. Le groupe chilien joue fort, grave, violent, plus vite qu’une balle et hurle en espagnol un rock sous haute influence 90’s qui prouve une nouvelle fois que la scène sud-américaine est sans doute la plus animée aujourd’hui quand il s’agit de réveiller les guitares. La veille, plus haut sur le boulevard, la Sala Rossa accueillait la révélation québécoise de l’année : Hubert Lenoir, précédé de sa réputation de provocateur. Dans un geste dévoyé du mimétisme un peu flippant qui altère parfois la chanson francophone de 2018, Hubert Lenoir assume un univers et une écriture sans concession pour représenter l’un des plus brillants espoirs du rock en français. Quelques semaines avant le festival, l’ex-chanteur de The Seasons avait fêté son Félix (équivalent québécois de nos Victoires de la musique) de la révélation de l’année en s’enfonçant la récompense dans la gorge de manière suggestive. Certains esprits étriqués n’en sont toujours pas revenus. Ils continuent sûrement à nourrir la polémique alors que le chanteur s’apprête à s’envoler pour la France pour aspirer l’âme des Trans Musicales de Rennes.