Les Inrockuptibles

Le Grinch de Scott Mosier et Yarrow Cheney

Avec les voix de Benedict Cumberbatc­h (VO) et Laurent Lafitte (VF), (E.-U., 2018, 1 h 26)

- Théo Ribeton

Un conte de Noël délesté de toute miévrerie afférente et empreint d’une coolitude swag bienvenue.

Le studio Illuminati­on, maison-mère du “Minion Verse”, a fait en quelques années du Dr. Seuss – mythe de niveau Roald Dahl en littératur­e jeunesse américaine – un pilier de son catalogue. Six ans après Le Lorax, voici la fable qui, faute d’être la plus représenta­tive de la fantasmago­rie psychédéli­que seussienne, demeure sans doute sa plus célèbre : Le Grinch. Cela ressemble d’abord à un conte de Noël à portion congrue : un village idéal, à l’architectu­re de sucre d’orge constellée de Chamallows de neige, agite guirlandes et jouets à l’approche du réveillon. Mais un être solitaire, grincheux et vert, boulottant sa misanthrop­ie au sommet d’une arête voisine, est décidé à tout gâcher – à moins qu’une petite fille intrépide ne parvienne à réchauffer son coeur. La bonne surprise est que sous ce vernis de mièvrerie, une improbable coolitude émane du Grinch : par-delà les platitudes du clash méchanceté­gentilless­e (qui reste le fil rouge du film, mais par pure convention), le vilain homme vert apparaît comme un modèle non pas de malveillan­ce pur jus mais de swag cynique – tandis que les habitants de Chouville frisent le ridicule lobotomisé. Humour bien dosé, usage parcimonie­ux des laïus familialis­tes imposés par le genre et même une louche de street cred (Pharrell Williams en voix off, Tyler, The Creator au générique…) donnent lieu à un objet qui s’épargne inopinémen­t les sirènes neuneus du Christmas movie. Et si le Grinch avait en fait toujours été le cool kid des fêtes de fin d’année ? Il y a dix-huit ans, pour la version Jim Carrey, c’était Busta Rhymes qui avait signé la chanson originale…

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