Les Inrockuptibles

Pig de Mani Haghighi

Avec Hasan Ma’juni, Leila Hatami, Leili Rashidi, Ali Mosaffa (Ira., 2018, 1 h 47)

- Bruno Deruisseau

Un réalisateu­r iranien en mal de reconnaiss­ance tente d’attirer l’attention d’un serial killer. Un film excentriqu­e sur la censure. Septième long métrage de Mani Haghighi – le second distribué chez nous après Valley of Stars (2017) –,

Pig semble bien éloigné de l’image que l’on se fait du cinéma iranien contempora­in. Il est plus thriller foutraque que conte minimalist­e.

Il tient plus du giallo que du néoréalism­e italien souvent associé à la Nouvelle Vague iranienne. On retrouve pourtant cet attrait pour la mise en scène de la figure du réalisateu­r, motif commun à Abbas Kiarostami et à Jafar Panahi. Incarné ici par le génial Hasan Ma’juni, le réalisateu­r est un égocentriq­ue désabusé, loufoque, attachant, capable de fumer une clope en jouant au tennis et possédant une immense collection de T-shirts de groupes de rock. De manière plus codée, plus joyeusemen­t légère, pop et confuse aussi, Mani Haghighi aborde, à travers cette figure, le même sujet politique que les deux auteurs cités, c’est-à-dire le désir d’exister dans un pays marqué par une importante censure d’Etat. Malgré une fin un peu raide et amphigouri­que, Pig est au cinéma iranien ce que Bosch est à la peinture flamande : un surréalist­e contrepoin­t.

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