Jakuta Alikavazovic
L’Avancée de la nuit (Points), 288 p., 7,50 €
L’amour obsessionnel et impossible d’un jeune homme pour une femme fatale en temps de guerre. Eblouissant.
A Sarajevo, en pleine guerre, un jeune homme perd la tête pour une femme réputée dangereuse. Il est gardien de nuit dans cet hôtel où vit Amélia Dehr, personnage énigmatique et fille de mauvaise vie. Attraction désastre pour une beauté toxique qui effraie les hommes autant qu’elle les attire, mélange envoûtant de Laura Palmer pour son mystère, de Betty
Blue (37°2 le matin) pour la folie qui la ronge, de Norma Jean Baker (Marilyn Monroe) par sa façon de se comporter, presque malgré elle, comme une actrice. Phrases longues et entêtantes, sensuelles quelquefois, monomaniaques d’autres fois, comme peuvent l’être les obsessions ; fluidité de la langue, puissance d’une voix. Quatrième roman de Jakuta Alikavazovic, L’Avancée de la nuit est un texte éblouissant sur l’impossibilité de l’amour alors que règnent la guerre et la surveillance généralisée. Un livre qui semble avoir été écrit d’une traite, comme si elle s’était laissée emporter par ses sentiments, sans toujours les comprendre, mais en les laissant s’exprimer, car ils mènent au vrai.