Simenon
Le Chien jaune (Le Livre de Poche), 192 p., 6,90 €
Au coin du feu, rien de mieux qu’une enquête de Maigret telle que ce classique, plein de suspense et fantastique. Relire Le Chien jaune, un des sommets de Simenon, c’est se croire condamné à tout reconnaître. Sauf ce qu’on n’avait pas repéré. Revoilà donc le familier commissaire Maigret se faufilant dans les rues de Concarneau pour enquêter sur une série de meurtres “bizarres”. Mais on ne se souvenait pas que Maigret, contrariant son patronyme, est gros et même “énorme”, qu’il ne crache pas sur l’alcool à toute heure, ou qu’il est capable de voyeurisme érotique. De même, si on n’a pas oublié que Simenon a du style, on est délicieusement surpris qu’il lui arrive de s’en moquer. Ainsi du procédé qui lie les péripéties de l’enquête et les aléas de la météo : ciel couvert lorsque l’intrigue s’assombrit. Par la bouche de Maigret, Simenon s’exclame :
“C’était idiot ! Cela rappelait les orages tels qu’on les représente parfois au cinéma.” Mis à part ces “détails”, on se régale d’un Simenon de fond : détestation des “notables” et tendresse pour les “presque rien”.
Et ce chien jaune, “grosse bête hargneuse au regard d’homme” qui, tel un rôdeur fantomatique, embaume le récit d’une touche de fantastique.