Les Inrockuptibles

Apollo Noir

CHAOS ID Tigersushi/Differ-Ant

- Erwan Duchateau

Entre breaks syncopés et accalmies pop, le compositeu­r français cherche toujours l’équilibre dans un univers différent.

DANS SA MISE EN TENSION, OÙ L’ENJEU NAÎT DES ACCORDS QUI ENFLENT, des arpèges étincelant­s et des voix robotiques qui surgissent pour composer son tissu mélodique, Twist of Men Pt. 1 rappelle Post Rejecto, le titre qu’Apollo Noir avait choisi pour introduire son premier album, il y a deux ans. Le même genre de corridor qui guide l’auditeur vers un univers à la tonalité pourtant différente. Là où A/N transpirai­t le besoin urgent d’exprimer une inquiétude face au désordre ambiant, l’Auvergnat nous fait ici couler lentement dans le bain d’une rave colorée par des sons de synthétise­urs plus chauds, à la rever lumineuse.

La seconde partie de Twist of Men approche même par son kick ravageur une sorte de décadance hallucinée dans laquelle le chant, plus présent que par le passé, plus féminin également, offre un point de repère précieux. Compositeu­r résolument punk, Apollo Noir n’est pas de ceux qui se ferment pour autant à des inclinatio­ns plus pop, lui qui a notamment produit le maxi Life (2019) de Buvette, le même mois où sortait sur la chaîne YouTube de son label une version de Twist of Men enrichie du chant de Jeanne Added. Et si CHAOS ID ne contient aucune collaborat­ion, la pop s’y invite tout de même dans la

mélancolie toute automnale de The Fall, surprenant­e ballade r’n’b chantée d’une voix synthétiqu­e mais dont le rythme, cardiaque, fait vivre des pulsations très humaines au milieu de cette cavalcade syncopée.

La flamboyant­e virée nocturne proposée par Apollo Noir ne peut en effet se départir de ses séquences breakbeat fiévreuses dans lesquelles se devine la chaleur des corps en sueur. Les paroles se font alors bribes saisies sur le passage et nous participon­s par procuratio­n à la festive effusion collective peinte à nos oreilles. Ménager tous ces tempos demande au compositeu­r un vrai travail dans les transition­s, et les choix d’Apollo Noir à ce propos surprennen­t parfois, comme lorsque la brutale Unrelated to God vient s’insérer entre la fin aérienne de Twist of Men Pt. 1 et l’obsédant puzzle mélodique d’Alterate. Preuve que dans cet univers moins inquiet, les certitudes ne valent pas nécessaire­ment davantage.

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