Rouge Gorge
René Dokidoki/Poussière d’Epoque
Le jeune musicien signe un retour en grâce avec René, un disque touchant qui mêle ombres, lumières et pop française.
EN 2017, ON DÉCOUVRAIT ROBIN POLIGNÉ, ALIAS ROUGE GORGE, avec un premier album éponyme très réussi et une chanson à la beauté cristalline :
Les Primevères des fossés. Le jeune Rennais revient aujourd’hui avec René, dont le titre et la construction font directement écho au concept de renaissance. Composé à la suite d’une longue maladie, le disque oscille constamment entre ombres et lumières et avec de très beaux morceaux aux mélodies aussi évidentes qu’imparables.
Sur le plan de l’instrumentation, pas d’immense surprise. La musique de Rouge Gorge hésite toujours entre danse, fièvre et nostalgie, et elle se trouve quelque part entre la fausse innocence des jeunes gens mödernes (Etienne Daho et Jacno en tête, dont l’influence s’entend d’ailleurs dans Des jolies choses), et le minimalisme bricolé des compositeurs de chambre (Noir Boy George ou encore Felix Kubin). On trouve dans le répertoire de Robin Poligné cet étrange mélange de chaleur sonore et de froideur mécanique, si caractéristique des synthétiseurs et des boîtes à rythmes analogiques. Le tout est enveloppé de guitares discrètes et d’autres instruments
plus surprenants (comme ce ukulélé utilisé à la fin des Profondeurs).
La véritable évolution de Rouge Gorge se trouve surtout dans le propos et la voix de son auteur, qui s’est aggravée et s’orne désormais d’un grain nouvellement brisé. René est construit comme un chemin qui mène à une acceptation lucide des échos négatifs : la maladie, la complexité des rapports humains, la vieillesse qui viendra, le deuil de l’utopie numérique… Sans plomber l’auditeur sous une trop lourde gravité, le musicien évoque toutes ces choses avant d’accueillir l’ombre comme un contrepoint essentiel à l’existence de la lumière. Avec René, Rouge Gorge signe l’une des plus belles surprises de cette fin d’année.