Les Inrockuptibles

Le meilleur reste à venir

D’Alexandre de la Patellière & Matthieu Delaporte Avec Fabrice Luchini, Patrick Bruel (Fr., 2018, 1 h 57)

- Théo Ribeton

Les réalisateu­rs du Prénom retrouvent leur égérie Bruel, assorti pour l’occasion de Luchini. Malaise.

Le pire est à craindre aurait sans doute été un titre plus adapté pour ce film, tant il a d’abord attiré notre attention par sa faculté à réunir, sur le papier, les ingrédient­s les plus cringey de la comédie “de droâte” (pour le dire aussi grossièrem­ent qu’on le pense). Il serait tentant d’en faire l’héritier de deux de ses plus juteuses écoles : d’un côté, le high concept de “boulevard à quiproquos frelatés” (en l’occurrence : deux copains, à la suite d’une confusion de courriers médicaux, croient chacun que l’autre a un cancer) ; de l’autre, le genre codifié du “retour en adolescenc­e pour cadre sup en rupture”– soit toute une filmo de vieux beaux en costume cintré et cravate défaite, tentant de redonner sens et intensité à leur vie en pratiquant des sports extrêmes entre deux parcelles de vigne (oeuvre matriciell­e : On voulait tout casser avec Berling, Magimel et Kad Merad, 2014).

De ce chouette programme, on avait surtout anticipé la deuxième partie : celle où Luchini (l’intello castré) et Bruel (l’éternel adolescent) s’en vont pour Biarritz en voiture de collection, achètent un chien, font du ping-pong, du safari (on n’a pas bien compris où), bref, “rattrapent le temps perdu”. Ce qu’on soupçonnai­t moins, c’était qu’en plus de nous donner plein d’idées cadeaux pour la prochaine fête des pères, elle tienne bel et bien lieu de bouée de sauvetage dans un film qui ne s’avère finalement respirable qu’ici, dans sa franche immaturité. Car Le meilleur…, dès qu’il commence à parler soins palliatifs et cicatrices du passé dans des cafés de l’Ouest parisien, se vautre pour de bon – déjà parce qu’il n’y a rien de pire qu’un beauf qui se prend au sérieux, mais surtout parce qu’il ne veut absolument rien dire

(les personnage­s successive­ment se haïssent, se pardonnent, s’adorent, sans la moindre justificat­ion, par pure fonctionna­lité de scénario) et, donc, se fout de nous. De quel droit ?

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Fabrice Luchini et Patrick Bruel

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