La Famille Addams de Conrad Vernon et Greg Tiernan

Avec les voix d’Oscar Isaac, Charlize Theron (vo), Kev Adams, Mélanie Bernier (vf) (E.-U., 2019, 1 h 27)

Déception de rigueur devant ce come-back animé cheap et mollasson, dépourvu de tout esprit de satire. Mais où était donc passée la famille Addams ? Pour quel motif scandaleux avait-elle disparu d’un paysage pop culturel où elle devrait au contraire, et plus que jamais, trôner ? Oui, trôner. Car qui mieux qu’elle incarne depuis cinquante ans ce rebut puant, cette morbidité secrète, ces squelettes dans le placard qui ont récemment peu à peu cessé de se cacher ? Quiconque a dernièrement déploré ainsi l’absence de Gomez, Morticia, Mercredi et consorts a donc pu se réjouir par avance d’une nouvelle adaptation au cinéma des personnages, nés en 1938 sous forme de dessins satiriques du cartoonist Charles Addams, convertis en icônes de la télévision des années 1960, puis du cinéma familial 90’s.

Mais on déchantera vite au moment de découvrir ce come-back animé étonnamment lisse, sans idée motrice convaincante, et même assez cheap dans l’exécution. Une curieuse petite burtonade inoffensive, dont le casting vocal américain très en vue (Oscar Isaac, Charlize Theron, Chloë Grace Moretz ou le Stranger Things kid Finn Wolfhard…) laisse d’ailleurs croire qu’en coulisse aussi, on s’attendait à quelque chose de plus ambitieux. Est-ce parce que la France a eu le nez creux que sa version substitue Kev Adams à Oscar Isaac ? Peut-être pas, mais toujours est-il que la frustration est grande : mollasson, infantile, et comme complexé par ses propres réticences à s’épanouir dans la satire et l’horrifique, La Famille Addams perd son temps sur les intrigues les plus abêtissantes qu’on puisse en tirer (l’antagoniste principale est une Valérie Damidot qui préfère le rose bonbon aux toiles d’araignées – la décoration d’intérieur est-elle vraiment le sujet central ?) et donne la curieuse impression d’avoir passé une heure et demie devant Gulli.