TOP 50 ALBUMS
1 Tyler, The Creator IGOR
IGOR n’est pas un album de rap. Encore moins un album quelconque, mais la bande-son d’une idylle déchirante, qui redonne toute sa raison d’être à un format aujourd’hui malmené par les plateformes de streaming, les playlists et le mode aléatoire. Au fil des douze morceaux, structurés autour d’aphorismes récités par le comédien Jerrod Carmichael, le jeune loup s’épanche sur ses sentiments et livre ses réflexions sur cet amour non partagé qui ne cesse de le hanter.
2 Weyes Blood Titanic Rising
A l’heure de l’Auto-Tune, Natalie Mering a décidé de s’enfermer dans le studio analogique de Jonathan Rado, dans le quartier de Los Feliz à L.A. Enregistrés live, ses morceaux ont été triturés à la folie dans une grande machine pensée pour l’occasion, la “Radotronics”, constituée de deux enregistreurs à cassettes, qui produit “un son aquatique”, explique Rado.
3 Fat White Family Serfs Up!
Serfs Up! est un disque sournois, rempli d’humour et engagé, sur lequel Fat White Family continue de scruter les recoins sombres et extrêmes de la condition humaine. L’orchestration somptueuse de Oh Sebastian, les faussement naïves Vagina Dentata et Rock Fishes, ou encore l’imparable hymne glam Tastes Good with the
Money renferment toute la perversité vénéneuse de la bande à Lias Saoudi.
4 James Blake Assume Form
James Blake parvient à réunir le minimalisme, les effets de la musique électronique et le songwriting. Cet alliage se trouve de nouvelles couleurs grâce à l’aide des producteurs Mount Kimbie et Oneohtrix Point Never, et, surtout, grâce à l’influence de la trap sur les morceaux et la production, comme sur l’étonnant single Mile
High, dans lequel Travis Scott se surpasse. En décidant de s’ouvrir au monde extérieur, de quitter son enveloppe de solitude, James Blake signe un grand album de pop.
5 Fontaines D.C. Dogrel
Entre humour goguenard, réalisme social et poésie beat, les paroles de Fontaines D.C. alternent spoken word et chant. Elles servent à merveille les riffs exaspérés de ce premier album, notamment sur les foudroyants Hurricane Laughter et Boys in the Better Land. Mais elles contribuent aussi à véhiculer une mélancolie surprenante sur certains morceaux plus calmes ( Roy’s Tune, The Lotts et Dublin City Sky), prouvant au passage que le groupe peut s’évader du post-punk tendu pour mettre au jour des sentiments plus doux.
6 Philippe Katerine Confessions
En prise avec son temps comme avec ses tourments, Philippe Katerine est à la fois acteur et observateur de sa propre vie, qu’il met en scène dans un album ouvert à tous les genres musicaux – la pop de La Converse avec vous, le rap de 88 %, la chanson d’Aimez- moi, l’electro de BOF Génération, sans oublier le tube intergénérationnel Duo – et à toutes les collaborations vocales. Comme
Le Journal de Tintin, Confessions est un disque pour les jeunes de 7 à 77 ans. L’album français de l’année.
7 Denzel Curry ZUU
On ne soulignera jamais assez l’aplomb naturel, la fougue et la créativité de ce rappeur, qui parvient à rappeler avec ZUU que son hip-hop est à son meilleur lorsqu’il se montre très fâché avec les compromis, la raison, le calibrage. Douze morceaux abrupts, vingt-neuf minutes de folie pure, d’énergie primaire et de récits intenses, entièrement voués à dépeindre une région.
8 Lana Del Rey Norman Fucking Rockwell !
Oubliant les soubresauts hip-hop de Born to Die (2012) ou l’habillement rock’n’roll d’un Ultraviolence (2014), Norman Fucking Rockwell! s’avère un retour aux sources vers lequel la chanteuse n’a jamais cessé de tendre : une pop orchestrale ultraréférencée, dont les arrangements subliment la beauté de sa voix. La bande-son idéale d’une virée à Venice Beach.
9 Alex Cameron Miami Memory
Alex Cameron fait de ses textes des nouvelles de fiction, explorant l’humanité dans toute sa noirceur, sa complexité, ses faux-semblants, ses amours et ses haines, sur des mélodies naviguant entre mélancolie et tube tapageur, tricotant le beau et le laid jusqu’à ce que l’on ne sache plus très bien les distinguer. Un troisième album qui mêle avec brio la symphonie et la bizarrerie.
10 Hubert Lenoir Darlène
Hubert Chiasson (son vrai nom) n’est pas inconnu au bataillon quand Darlène vient éparpiller façon puzzle toutes les certitudes de l’industrie quant au développement d’artiste. Au mitan des années 2010, il monte avec son frère Julien le groupe indie pop The Seasons et sort un premier album en 2014. Adapté du roman du même nom signé Noémie D. Leclerc, à la fois sa copine et sa manageuse, Darlène sonne comme un brûlot émancipateur à l’usage de la jeunesse désoeuvrée et des freaks en manque de perspectives des banlieues pavillonnaires de Québec.
11 Purple Mountains Purple Mountains
Dix ans après avoir mis fin à Silver Jews, David Berman sortait enfin de son silence discographique en juillet 2019, un mois avant son suicide. Un album magnifique, encore plus poignant aujourd’hui.
12 FKA twigs MAGDALENE
L’Anglaise mêle spiritualité et sensualité pour traduire son désir de réinvention. Un album de r’n’b futuriste qui plane très haut et l’impose comme l’une des artistes majeures de notre temps.
13 Bon Iver I, I
Ce quatrième album convoque le folk aux émotions brutes du premier album, For Emma, Forever Ago (2008), la luxuriance du second, Bon Iver, Bon Iver (2011) et la mélancolie futuriste doublée du dépassement de soi de 22, a Million (2016).
14 Battles Juice B Crypts
Dorénavant réduit au duo composé par le phénoménal batteur John Stanier et le guitariste/claviériste Ian Williams, Battles offre un quatrième album galvanisant et explosif, porté par New York, où il a été entièrement enregistré.
15 Cassius Dreems
Dreems, la bulle house euphorisante de l’inséparable duo electro français, était prévu pour le 21 juin. L’avantveille, on apprenait la mort brutale du génial Philippe Zdar. Un album à réécouter aujourd’hui comme un hommage à sa vie entièremement dédiée à la musique.
16 Iggy Pop Free
A 72 ans, l’Iguane publie un dix-huitième album qui baigne dans un jazz contemplatif et crépusculaire. Un disque foncièrement libre et d’une solennité élégiaque.
17 Ezra Furman Twelve Nudes
Entre fierté queer, rage punk et spiritualité, l’Américain confirme son ultrasensibilité. Les onze morceaux ne font pas dans la dentelle et renvoient leur dégoût du monde en une durée moyenne de deux minutes, format uppercut.
18 Nick Cave And The Bad Seeds Ghosteen
Rarement depuis What’s Going On (1971) de Marvin Gaye un disque n’avait opéré dans l’âme aussi profondément. Sans cesse les textes oscillent entre élévation saisie par la grandeur des cieux et chute dans les tragiques limites de la condition humaine. Un sublime double album qui oscille entre désespoir et extase.
19 Holly Herndon Proto
Mêlant intelligence artificielle, chorale et visions futuristes, la cérébrale Américaine crée une narration utopique et sensible. Et si Proto retourne la tête, il prend aussi sacrément aux tripes.
20 Kanye West Jesus Is King
Sur son neuvième album solo, l’impayable Kanye West se tourne vers Dieu et le gospel. Et livre le témoignage d’une dévotion aussi touchante qu’ambiguë. 21 Kompromat Traum und Existenz 22 Loyle Carner Not Waving, But Drowning 23 PNL Deux Frères 24 Kim Gordon No Home Record 25 Deerhunter Why Hasn’t Everything Already Disappeared? 26 slowthai Nothing Great About Britain 27 Allah-Las LAHS 28 Solange When I Get Home 29 Metronomy Metronomy Forever 30 SebastiAn Thirst 31 Girl Band The Talkies 32 Chromatics Closer to Grey 33 black midi Schlagenheim 34 Ty Segall First Taste 35 Biche La Nuit des Perséides 36 Mattiel Satis Factory 37 Cate LeBon Reward 38 Blood Orange Angel’s Pulse 39 Lambchop This (Is What I Wanted to Tell You) 40 Aldous Harding Designer 41 Billie Eilish When We All Fall Asleep, Where Do We Go? 42 (Sandy) Alex G House of Sugar 43 HTRK Venus in Leo 44 Olivier Marguerit A terre! 45 Kindness Something like a War 46 Peter Doherty & The Puta Madres Peter Doherty & The Puta Madres 47 Mac DeMarco Here Comes the Cowboy 48 Hamza Paradise 49 Clairo Immunity 50 Drugdealer Raw Honey