TOP 10 SÉRIES
1 Watchmen
Damon Lindelof Imaginée comme une suite du roman graphique du même nom créé par Alan Moore et Dave Gibbons, Watchmen, créée par Damon Lindelof, est un récit à l’ambition hors norme et aux circonvolutions complexes. Mettant en scène des héros vus comme des hors-la-loi et des policiers affrontant un groupe de suprémacistes blancs, la série, avec son dédale de personnages et d’esthétiques différentes, revient à la racine des mythologies et lignes de tension américaines et joue sur une forme d’ambiguïté quant à ses véritables intentions. 2 Fleabag saison 2 Phoebe Waller-Bridge La seconde et dernière saison de la comédie anglaise du moment, après une première saison très appréciée, réussit tout bonnement l’exploit de se rendre indispensable. Le portrait de Fleabag, créature fictionnelle confrontée à la perte dans un monde qui ne la comprendra jamais, à la fois fraîche et vieille, désirante et sèche, avenante et cruelle, continue dans cette comédie dépressive qui lave les yeux avec la légèreté et la profondeur d’un chef-d’oeuvre. 3 Mindhunter saison 2
Joe Penhall Images obsédantes, lenteur inquiète, rythme décalé : la deuxième saison de Mindhunter s’est révélée encore plus réussie que la première, notamment car, débarrassée de la mise en place de l’intrigue, elle a pu se focaliser sur la chair fictionnelle qui constitue son essence. On y retrouve les sommets obsessionnels et mélancoliques de David Fincher, qui déploie ici une toile narrative lente et majestueuse se saisissant des enjeux sociétaux et politiques de l’époque. 4 Years and Years
Russell T Davies Courte série de six épisodes, Years and Years aborde le délitement de la société occidentale à travers les yeux d’une famille britannique, auscultant les affres de cette famille en crise tout en faisant le portrait d’un Royaume-Uni postBrexit. Parfois grinçante, parfois profondément dépressive, elle mêle fiction politique, série d’anticipation et saga familiale en analysant nos angoisses contemporaines à l’aune d’un futur proche. 5 Pose saison 2
Ryan Murphy, Brad Falchuk, Steven Canals Evitant tout manichéisme, Pose entrecroise le glam, la portée sociale du voguing et l’épidemie de sida, et tire sa puissance politique et son élan vital de cette confrontation. S’attachant à la vie des balls queer de New York à la fin des années 1980, la série simple, colorée et vivante incarne l’entrée dans la culture mainstream d’une poche créative autrefois méprisée. 6 This Is Us saison 4 Dan Fogelman Toujours aussi belle, l’épopée chuchotée de la famille Pearson à travers le temps – rappelons que nous sommes en permanence balancés entre passé, présent et futur – travaille dans cette saison 4 l’idée de nouvelle peau et du renouvellement naturel de la fiction. Il s’agit, de chaque côté de l’écran, de lutter contre la fin de tout, contre nos angoisses personnelles et collectives de disparition, pour nos amours et nos enfances, quelles qu’elles soient. 7 The OA saison 2
Brit Marling & Zal Batmanglij Depuis l’apparition de la série, la nature de ce que nous regardons défie les mots. En prônant une humanité écologique et inclusive, cette deuxième partie donne le sentiment d’une lumineuse maturité. Si le souffle poétique de The OA ne semble pas aussi imparable que lorsqu’elle débarquait par surprise et nous soulevait de terre, quelques jours avant Noël 2016, elle reste un merveilleux bloc d’espoir et de consolation. 8 Chernobyl
Craig Mazin C’est un effondrement que filme Chernobyl : celui d’une centrale nucléaire à une centaine de kilomètres de Kiev, dont le réacteur 4 explosait en 1986, balayant l’Ukraine et l’Europe d’un nuage radioactif angoissant, et celui d’un régime victime de ses mensonges, l’Union soviétique. Effrayante et captivante, la série montre qu’un accident de ce niveau est toujours plus qu’un accident : un phénomène politique mettant en jeu la morale et la compréhension du monde, une expérience collective des limites. 9 The End of the F***ing World
Charlie Covell De façon magistrale, cette nouvelle saison nourrit la nostalgie de la précédente, celle d’une adolescence perdue qui, même cataclysmique, même insupportable, donnait toute sa place au désir. Deux ans plus tard, tout s’est aggravé. En même temps qu’elle tente de réparer ses personnages si durement affectés, la série se soigne elle-même, s’offre des élans de vie en puisant dans ce qu’elle a déjà construit, un double mouvement de mélancolie et de vitalité qui lui donne sa beauté sombre et existentielle. 10 Les Sauvages
Rebecca Zlotowski & Sabri Louatah Mêlant thriller d’anticipation politique et fresque familiale, ce récit qui tente d’éclaircir la généalogie d’un crime et ce qu’il raconte de la société s’adresse à la France de l’état d’urgence, marquée par le terrorisme, poursuivie par son passé colonial, menacée par la montée du Front national et surtout divisée par le racisme. Sensible et tout en retenue, Les Sauvages contredit finalement son titre et se traverse comme un lent et nécessaire processus d’apprivoisement de nos divisions.