Les Inrockuptibles

Corte Real

Pays vaincus CBE/Mostla/Kuroneko

- Rémi Boiteux

Un beau voyage non cartograph­ié avec le spleen pour éclaireur.

Le voyage commence presque par un générique de fin : les accords de Dubaï triste pourraient conclure un road-movie mélancoliq­ue. La chanson évoque ensuite la “trace des guerres perdues”. Voilà ce qui intéresse Corte Real (marin basé à Tahiti et préférant l’anonymat) : la défaite, la retraite et, surtout, l’empreinte laissée. Pas étonnant alors qu’on songe à Leonard Cohen, la voix des soldats inconnus de toutes les batailles de l’âme perdues, mais aussi au spleen espiègle d’une Barbara. C’est en héritier de La Chanson triste, le célèbre titre de Léo Ferré, qu’il en livre une reprise. Les drogues (Opium) et les alcools (Fernet Branca) s’invitent au banquet doux-amer servi sur un fond de dépouillem­ent qui n’empêche pas les envies de cinémascop­e, partagées avec le comparse Baptiste W. Hamon (invité sur Yamoussouk­ro). Tout finit par la miniature H.Berger comme un paraphe muet sur la carte des territoire­s que l’on vient de traverser. On imagine le grain sépia de la voix accompagne­r des images signées Philippe Garrel ( Tous les secrets du mauvais monde et ses choeurs angéliques). Le soleil high life qui éclaire La Vie sauvage révèle des teintes moins monochrome­s, qui échapperai­ent à une visite trop empressée : ces Pays méritent mieux que le regard du touriste inconstant.

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