Les Inrockuptibles

Le Lac aux oies sauvages de Diao Yinan

Avec Hu Ge, Gwei Lun Mei (Ch., 2018, 1 h 50), en salle le 25 décembre

- J.-B. M.

Un film noir chinois un peu trop virtuose qui oublie d’insuffler de la vie à ses personnage­s.

Diao Yinan, il y a cinq ans, avait réalisé Black Coal, (beau) film noir dans tous les sens du terme, puisqu’il se déroulait en grande partie dans une mine de charbon. Il est de retour (le film était en compétitio­n à Cannes en mai dernier) avec un film tout aussi noir qui respecte les règles du genre : le truand en perdition, poursuivi à la fois par la police et ses ex-amis, la femme fatale (interprété­e par la fascinante Tang Wei, qui tient sa cigarette de la façon la plus stylée du monde), des flics aussi effrayants que les membres de la pègre, violence, coursespou­rsuites dans des ruelles glauques, jeux d’ombres et de lumières expression­nistes, etc.

Diao Yinan réalise un film virtuose et fétichiste, avec des mouvements de caméra très sophistiqu­és, des jeux de couleur travaillés, des acteurs qui prennent des poses étudiées. Heureuseme­nt, son polar postmodern­iste, avec clins d’oeil insistants à des cinéastes (Lang, Ford, Scorsese, Tarantino, De Palma), ménage aussi parfois des scènes de pure stase, où le récit s’arrête pour filmer du vide, des corps qui font l’amour sur une barque qui file toute seule sur l’eau. Mais le film laisse un goût de déjà-vu, un peu vain aussi, sans doute parce que les personnage­s n’ont guère d’humanité.

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Hu Ge

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