Nadia Reid
Out of My Province Spacebomb Records/Caroline
Nouveau label et nouveaux horizons pour l’artiste néo-zélandaise, qui ne perd rien de sa superbe sur un troisième album enchanteur.
IL EST DES VOYAGES QUI FORMENT PLUS QUE D’AUTRES. Celui qu’a entrepris Nadia Reid après la sortie de son deuxième album l’a amenée à quitter sa NouvelleZélande natale pour tourner à travers le monde, puis trouver un point de chute pour enregistrer le bien nommé Out of My Province. Passée chez Spacebomb, label cofondé par Matthew E. White, la chanteuse de Port Chalmers a trouvé à Richmond (Virginie) un nouveau port d’attache à la hauteur de son talent et une équipe à même de lui faire passer un cap. De toute évidence, ce chemin parcouru depuis Preservation (2017) a été bénéfique, même si Nadia Reid semble s’interroger sur l’entraînant
Oh Canada : “All of the travelling that I have done/I don’t know what I am looking for.”
Si le déracinement de sa terre de toujours peut déstabiliser et assurément transformer, il a permis à Nadia Reid d’emmener ses ballades folk sur des terrains moins connus, plus escarpés, sous la houlette de l’expérimentée équipe de Spacebomb. On flirte ainsi plus qu’à l’accoutumée avec une americana rythmée où la voix puissante de Nadia Reid – qui ne verse jamais dans la démonstration de force – enlace des réverbérations de guitares délicieuses tout droit jaillies des canyons
(Other Side of the Wheel, The Future), s’acoquinant même parfois avec des cuivres ressuscitant l’esprit blues et soul de Memphis (High & Lonely).
Plus proches des miniatures intimistes des précédents chapitres discographiques, certains morceaux nous entraînent dans des réflexions sur les amours en tout genre ( Best Thing, All of My Love, qui frise la perfection). Enveloppante, caressante, réconfortante même, cette voix talentueuse trouve alors l’appui bienvenu de cordes justement dosées sur les magnifiques Heart to Ride ou Get the Devil Out. Une chanson bouleversante qui la voit esquisser les contours heureux d’une vie passée où la plus pure des libertés consistait à se déhancher sans retenue devant le téléviseur de son petit ami. Des moments d’une béatitude désarmante que la solitude du voyage lui a permis d’entretenir, de chérir et de graver dans le marbre d’un grand disque.