Where Is Jimi Hendrix ? de Marios Piperides
Avec Adam Bousdoukos, Fatih Al, Vicky Papadopoulou (All., Chyp., Gr., 2018, 1 h 33)
Un musicien un peu loser se perd dans le labyrinthe de la frontière turco-chypriote. Une comédie aux ressorts trop prévisibles. Iannis, un musicien raté criblé de dettes, a décidé de quitter Chypre. Trois jours avant son départ, Jimi Hendrix, le chien de son ex, échappe à sa vigilance et file dans la zone turque de l’île. Lancé à sa poursuite, Iannis franchit la frontière et se retrouve bloqué de l’autre côté. Construit en une succession de situations inextricables, Where Is Jimi Hendrix ? approche la question épineuse de la frontière turcochypriote (suite à l’invasion des forces turques en 1974, l’île est divisée en deux entités séparées par une zone tampon contrôlée par les Nations unies) par ses absurdités géographiques et administratives. Ballottée entre checkpoints rigides et combines un peu louches, la comédie se teinte d’un sentiment de menace diffuse et convoque, à travers certaines rencontres, les fantômes de l’histoire.
Tout en trompe-l’oeil et culs-de-sac, le labyrinthe dans lequel est empêtré le personnage est d’abord sillonné dans un flottement angoissé, qui pourrait évoquer la virée nocturne du héros d’After Hours de Martin Scorsese. Desservie par une galerie de seconds rôles stéréotypés, la narration finit hélas par elle aussi se perdre dans des effets de répétition prévisibles, et passe à côté d’une idée qui aurait pu la structurer : envisager le départ empêché comme un acte manqué pour faire de la zone de transit une destination spirituelle inattendue.