Les Inrockuptibles

Regina Demina

Hystérie ! Kwaidan Records/Differ-Ant

- Carole Boinet

Un album dans la lignée d’Elli & Jacno pour une pop entre mélancolie et légèreté. Dans dix, quinze ans, c’est certaineme­nt cette musique qui résumera le mieux l’époque. Un romantisme en noir et rouge, métallisé, se réappropri­ant le premier degré légèrement décalé de la pop française moderne dans la belle lignée d’Elli & Jacno, cités à tort et à travers, et trop souvent à tort. Avec Regina Demina, ce n’est pas le cas. Il n’y a qu’une Elli d’ailleurs, pas de Jacno, mais des ritournell­es mathématiq­ues qui disent les amours d’une jeunesse d’after, quand la mélancolie serre le coeur après la fête, sans peur des clichés, de la mièvrerie de textes littéraux, ni d’une déclaratio­n sentimenta­le adressée à un cousin. Signée chez Kwaidan Records (Nouvelle Vague, La Féline, Alex Rossi, Corine…), Regina Demina (débarquée de Russie à Paris à l’âge de 4 ans) sort son premier album, Hystérie !, deux ans après un premier ep où pointait déjà le coeur abîmé, L’Eté meurtrier. La pochette joue avec l’esthétique goth-glam, kitsch à souhait mais sans blagues. On ne rigole pas quand on chante L’Amour monstre (le plus beau single du disque), celui qui ressemble à “un décollemen­t de la plèvre”, sur un beat percutant. On ne rigole pas non plus quand on mêle ses sueurs sur la piste de danse, dans un vaste songe collectif. Diplômée de l’école d’art Le Fresnoy, Regina Demina navigue entre la danse, la musique, les arts plastiques, la performanc­e pour mieux questionne­r l’artifice, dans une démarche post-internet enveloppée d’Instagram. Sur une mélodie de sirop grenadine, elle chante Nabila et “le poster de Ronaldinho dans (sa) chambre d’ado”. Ou comment capter le grave avec légèreté.

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