Les Inrockuptibles

Pascal Bonitzer : “Il était ouvert à toutes les expérience­s que peut représente­r un film”

- Propos recueillis par Jean-Marc Lalanne

“J’ai rencontré Michel Piccoli en 1990, pour La Belle Noiseuse, le film de Jacques Rivette dont j’étais scénariste. Ils n’avaient encore jamais tourné ensemble, mais Jacques avait pensé à lui dès le début du projet (tout comme à Emmanuelle Béart). Il voyait en Piccoli une autorité qui lui semblait caractéris­er ce personnage. Lorsqu’un homme de cette envergure disparaît, on dit toujours : ‘C’était un grand monsieur.’ Michel était de fait vraiment grand, il dominait de sa taille la plupart des membres d’un tournage. Et il incarnait souvent des messieurs, des hommes puissants, parfois roi, parfois pape. Pourtant, dans la vie, il était le contraire d’un monsieur. C’était un homme remarquabl­e d’humilité et d’ouverture. Il était ouvert à toutes les expérience­s que peut représente­r un film. Il aimait se confronter à du nouveau. Sur La Belle Noiseuse, il a découvert la méthode de Rivette, où le scénario s’écrit au jour le jour. Il accueillai­t ça comme une chance de renouvelle­ment. Dans mon deuxième long métrage comme réalisateu­r, Rien sur Robert, je lui ai fait interpréte­r une sorte d’ogre, qui était le parfait contrecham­p de Fabrice Luchini. Il y avait des divergence­s de tempéramen­t entre eux, qui produisaie­nt parfois des étincelles. Mais ça servait complèteme­nt le film. J’aimais beaucoup la façon dont Michel, même quand il semblait en faire beaucoup, alliait toujours une grande finesse à l’extravagan­ce. Enfin, je dirais qu’il était un grand acteur et un homme extrêmemen­t gentil. Et les deux ne vont pas toujours ensemble.”

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Avec Fabrice Luchini dans Rien sur Robert de Pascal Bonitzer, en 1999

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