Phil Tippett : des rêves et des monstres de Gilles Penso et Alexandre Poncet
(Fr., 2019, 1 h 25). En DVD et Blu-ray
Le portrait passionnant de l’un des plus grands créateurs d’effets spéciaux d’Hollywood.
A quoi tient la réussite d’un film fantastique ? Ce n’est pas l’universalité des thèmes déployés (la filiation dans Star Wars, le dépassement de soi dans Le Seigneur des anneaux). Ce qui nous fascine, dans ces déclinaisons fantastiques d’arcs narratifs shakespeariens mille fois contés, c’est précisément le fantastique, c’est le corps du monstre. Ce postulat fait du créateur de ces monstres un rouage tout aussi important que le réalisateur. Parmi ces fabricants de l’ombre, Phil Tippett est une référence, l’un des plus grands créateurs d’effets spéciaux de l’histoire. Digne héritier de Ray Harryhausen (auteur des effets spéciaux mythique de la trilogie Sinbad, 1958-1977), il va marquer quarante ans de cinéma fantastique. On lui doit notamment Jabba le Hutt et les TB-TT dans les Star Wars, le ED-209 dans Robocop et les insectes géants dans Starship Troopers de Paul Verhoeven et l’incroyable expressivité des dinosaures dans Jurassic Park. Ce documentaire passionnant dresse le portrait d’un créateur d’effets spéciaux en sculpteur, en marionnettiste et en inventeur de génie, mais il raconte aussi en creux une histoire des effets spéciaux au cinéma, l’obsolescence de la stop motion face aux effets numériques ou comment, dès le début des années 1990, la digitalisation du monde a commencé par la colonisation de l’imaginaire fantastique du cinéma.