Les Inrockuptibles

Technoboss de João Nicolau

Avec Miguel Lobo Antunes, (Port., 2019, 1 h 52). Sur Shellac VOD

- Théo Ribeton

Luís, VRP portugais fantaisist­e, est poussé à la retraite.

Une comédie revigorant­e ponctuée de séquences musicales. C’est en plein dans les codes d’un certain “lusitanism­e” que les longs métrages de João Nicolau sortis en France ont tiré jusqu’ici leur épingle du jeu. Des balades fantaisist­es, mentales, vacancière­s, érotisante­s, hybridant l’actuel avec des envies de voyage dans l’espace ou le temps : l’odyssée pirate du héros de L’Epée et la Rose (2011), la Mélanésie primitive de John From (2015). Technoboss, le dernier en date, se risque à sortir de cette zone de (relatif) confort : pas ou peu de peaux brunies ni de rêverie estivale dans ce journal de bord de VRP, assurant de ville en ville le commerce et la maintenanc­e d’un système d’alarme.

Comédie musicale lo-fi, puisque saupoudrée de séquences chantées en voiture (des mélodies pop généraleme­nt attachante­s, parfois même un peu plus que ça), Technoboss traîne en longueur mais réussit un beau portrait d’homme en déclin, bientôt expulsé (la préretrait­e plane dans l’air), sauvé par un tempéramen­t fantaisist­e. Sur les espaces anonymes de cette vie de commerce et d’autoroute (aires de repos, hôtels, bureaux), le soleil darde toujours, mais le climat est trompeur : on vogue en vérité moins le long des côtes portugaise­s qu’en direction d’autres contrées connues – l’absurde kaurismaki­en, l’errance porumboiue­nne. Initialeme­nt prévu en salles, finalement lancé sur le tout jeune service VOD du distribute­ur Shellac, indéfectib­le soutien du cinéma d’auteur portugais, Technoboss est peut-être moins lusitanien qu’il n’en a l’air.

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