LES CAHIERS D’ESTHER
Esther a (un peu) grandi. Elle a gardé sa tête d’enfant, sa frange et son nez pointu. Elle trouve les garçons toujours aussi cons et son père est resté son héros. Sa voix a un peu changé et sa vie aussi. Elle est entrée au CM2 et sa meilleure amie Eugénie s’est découvert une nouvelle passion : “l’amour” pour un “grand racaille” de l’école. Riad Sattouf a toujours eu une intuition géniale pour capter “la vie secrète des jeunes” – nom de ses albums dans lesquels il restituait avec une infinie drôlerie des saynètes quotidiennes attrapées au détour d’un fast-food ou d’un métro. Avec les Cahiers d’Esther, le bédéiste et cinéaste poussait davantage l’immersion documentaire en recrutant une indic’ de taille : Esther, enfant d’un couple d’amis, prête à confier ses joies et peines de petite fille de 10 ans. Dans les premiers épisodes de cette deuxième saison animée (deux ans après le premier volet) et adaptée des Cahiers d’Esther, histoire de mes 11 ans, on retrouve Esther dans la cour de récré, mini-société déjà ségréguée de toutes parts – les bizarres, les moches, les bg, les pauvres, les riches… C’est la très belle réussite de ces Cahiers, désopilants et quelquefois graves, dont la version animée restitue avec finesse l’ADN du format papier (Sattouf aux commandes, épisodes de deux minutes comme des instantanés de planches), que de ne jamais servir une vision idéalisée de l’enfance, mais de la regarder à la hauteur d’Esther,