LA VIE SEXUELLE DE CATHERINE M. de Catherine Millet (2001)
Confession sexuelle du XXIe siècle, résolument contempraine et sans pathos ni psychologie, La Vie sexuelle de Catherine M. a fait pénétrer la littérature française dans le XXIe siècle.
En 2001, la directrice d’Art Press, intellectuelle avant-gardiste, lançait une petite bombe littéraire qui allait bouleverser les codes de l’écriture du sexe, et exploser tous les clichés de la représentation de la vie sexuelle des femmes par elles-mêmes. Dans
La Vie sexuelle de Catherine M., elle racontait non seulement sa vie sexuelle dans tous ses détails, non seulement celle-ci était hors norme, mais aussi elle le faisait sans pathos, sentimentalisme, psychologie, sans non plus culpabilité, et encore moins d’idéologie. Irrécupérable, donc. Inexcusable, aussi, pour certains. En un mot : libre. Et c’est peut-être ce qui choqua le plus, mais qui fit son immense succès.
Millet narrait avec force détails cliniques, comme on décrit une oeuvre d’art, ses expériences sexuelles : le nombre de ses amants, connus d’elle comme anonymes, ses goûts que d’aucuns auraient cachés – aimer s’abandonner à une multitude d’hommes, être prise par plusieurs lors de partouzes, ou dans une camionnette au bord d’une autoroute… Comment, une femme puissante pouvait adorer être soumise dans le sexe ? Comment, une femme-sujet pouvait revendiquer son désir d’être objet érotique ?
Une femme pouvait donc décider de cela sans s’en sentir dégradée, humiliée, rabaissée ? On a beaucoup comparé la littérature de Millet à celle des libertins du XVIIIe siècle. Elle était, en revanche, ultra-contemporaine, ultra-novatrice, dans l’aspect extrêmement précis, sans enjolivures, de son style pour aborder la sexualité. En faire un sujet d’écriture comme un autre. Débarrasser l’érotisme de ses clichés, de ses voiles, de ses faux mystères, et la pornographie de sa ringardise ou sa vulgarité. La Vie sexuelle de Catherine M. est construite comme une exposition, en quatre “installations” (chapitres) : “Le Nombre”, “L’Espace”, “L’Espace replié” et “Détails”. Sidérant, le texte a été traduit en 44 langues et est devenu un véritable phénomène littéraire.