EMMANUELLE d’Emmanuelle Arsan (1959)
Dans la chaleur de Bangkok, l’éducation sexuelle d’une jeune bourgeoise très ouverte. Un classique devenu culte.
Dans l’imaginaire collectif, Emmanuelle, c’est le fauteuil en rotin et les petits seins diaphanes et parfaits de Sylvia Kristel. On se souvient plus du film de Just Jaeckin à l’esthétique seventies que de la série de livres qui l’a inspiré, oeuvre en partie autobiographique d’Emmanuelle Arsan, romancière et épouse de diplomate. Salué à sa sortie par André Breton et La Nouvelle Revue française, le premier volume de cette saga érotique paraît en 1959 dans une édition clandestine, cinq ans après Histoire d’O, son antimodèle. Loin des souffrances mystiques de l’héroïne de Pauline Réage, Emmanuelle Arsan se veut l’apôtre d’un érotisme irréligieux et joyeux.
Emmanuelle, jeune mariée de
19 ans, part rejoindre son époux installé à Bangkok et va découvrir mille et une voluptés dans les bras d’hommes et de femmes, toujours dans une ambiance très “dîner de Monsieur l’ambassadeur”, les Ferrero en moins, les threesomes en plus. Rien que dans l’avion qui l’emmène en Thaïlande, Emmanuelle fait l’amour avec son voisin de cabine, puis avec un inconnu qui l’entraîne dans les toilettes : “Elle faillit laisser échapper un cri lorsqu’elle vit le reptile herculéen qui se dressait devant elle hors de sa broussaille dorée.” Emmanuelle Arsan aime beaucoup les métaphores animales pour évoquer l’anatomie intime, mais elle peut aussi se montrer plus directe et les scènes gagnent alors en efficacité.
Dans la première moitié du livre, la plus haletante, Emmanuelle se masturbe – beaucoup – ou baise quasiment à chaque page, avec
Marie-Anne l’adolescente dévergondée, avec la comtesse Ariane après une partie de squash ou sous la douche avec Bee, une belle et mystérieuse Américaine. Quelques citations de Mallarmé ou de Goethe se faufilent de temps en temps entre les sexes trempés et les fantasmes moites. Malheureusement, il arrive que les protagonistes cessent de baiser pour parler.