Les Inrockuptibles

Meryem Aboulouafa

Meryem (Animal 63/Believe)

- Naomi Clément

Découverte avec le single Breath of Roma, la Marocaine offre un premier album enchanteur produit par Para One et Maxime Daoud.

POUR SON PREMIER CONCERT FRANÇAIS en décembre dernier, Meryem Aboulouafa foulait la scène des Bars en Trans de Rennes avec une certaine appréhensi­on. “J’étais vraiment très stressée !, se remémore-t-elle en riant. Je venais y interpréte­r les titres de mon tout premier album que j’ai mis du temps à créer. J’avais envie de le présenter sous son meilleur jour.” Conçu entre Casablanca, Paris et Rome, ce disque “quasi méditerran­éen” se dévoile aujourd’hui. Baptisé Meryem, il expose les différente­s facettes de la jeune femme : son goût pour l’écriture introspect­ive, qu’elle commence à développer à l’âge de 18 ans en s’amusant “à faire sonner les mots entre eux”, mais aussi celui pour le mélange des genres, transmis par un père fan de Pink Floyd et des Beatles, qui lui a appris à “consommer la musique de façon horizontal­e, en passant d’un artiste à l’autre sans faire de distinctio­n entre leurs créations”.

Envoûtant et souvent mélancoliq­ue, coincé quelque part entre folk, sonorités électroniq­ues et culture orientale, Meryem a été produit par Para One et Maxime Daoud (Ojard, Bon Voyage Organisati­on). Avec ses onze titres interprété­s en anglais et en arabe, il reflète cette authentiqu­e et pure relation que la Marocaine, architecte d’intérieur de formation, entretient avec la musique. “Pour moi, ce n’était pas vraiment un rêve d’enfant, explique-t-elle. Mais ce qui est

très beau, c’est que ça a trouvé sa place de façon très naturelle, sans forcer.” Sans forcer donc, Meryem Aboulouafa, de sa voix enchantere­sse, nous entraîne ici au coeur de ses émotions, interrogat­ions et rêves. Introduit par The Friend, l’album nous plonge d’emblée dans une atmosphère à la fois solaire et menaçante, et se déroule ainsi, en alternant continuell­ement spleen et allégresse.

On est séduit par la douceur tragique de Breath of Roma, un titre qui parle de renaissanc­e, et dont le clip revisite le mythe de Romulus et Rémus. Un peu plus loin, le groove de Fighting nous fait planer, et le délicat Evanouie nous propulse par-delà les nuages. Le voyage s’élève toujours plus haut lorsque résonnent les mélodies vocodées de Ya Qalbi, morceau populaire du répertoire algérien, avant de s’achever en douceur avec le sentimenta­l We’ll Get By. Le résultat ? Un parfait équilibre entre modernité et classicism­e, pour lequel Meryem Aboulouafa n’a qu’une hâte : remonter sur scène. “Aujourd’hui, il y a beaucoup d’impatience à l’idée de partager cet album et de l’interpréte­r en live”, conclut-elle. Vivement.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France