Les Inrockuptibles

Neil Young

Homegrown Silver Bow Production­s/ Warner Music

- François Moreau

Un album présumé disparu du Loner refait enfin surface. Trop tard ? Hasard du calendrier et ironie de l’histoire, le jour où Bob Dylan sort Rough and Rowdy Ways, Neil Young déterre son Blood on the Tracks. “Je suis désolé. Cet album, Homegrown, aurait dû vous parvenir quelques années après Harvest. C’est la face triste d’une histoire d’amour”, écrivait le Canadien (qui a récemment reçu la nationalit­é américaine), au moment d’annoncer la sortie de ce disque resté trop longtemps dans ses cartons. Mis en boîte fin 1974, début 1975, entre Los Angeles et Nashville, ce disque, dédié à Carrie Snodgress (“For Carrie”, peut-on lire dans les crédits), documente la fin d’une relation – qu’il sublimait déjà avec le titre Motion Pictures (For Carrie), sur l’album On the Beach (1974) – et témoigne d’une période sombre de sa vie, mais aussi de son intense productivi­té. Spécialist­e de ce genre de coup pendable qui ne facilite pas toujours la tâche aux historiens du temps immédiat, le Loner brise une nouvelle fois les règles de la chronologi­e pour mieux jeter un regard neuf sur la force vitale d’une oeuvre ample, intarissab­le et dont le pouvoir d’évocation traverse les âges. A noter, l’inquiétant récit d’un trip en Floride dans les années 1950, sorte de prequel aux côtés les plus sombres et satanistes des sixties. Loin de la performanc­e élégiaque de Dylan sur KeyWest (Philosophe­r Pirate).

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