Angel Olsen
Whole New Mess Jagjaguwar/PIAS
L’ancienne choriste de Bonnie “Prince” Billy dévoile la première mouture de son dernier album, All Mirrors. Une version brute et intimiste aux allures d’exorcisme folk.
CONSTAMMENT RÉDUITE À L’IMAGE DE CHANTEUSE FOLK ÉPLORÉE, caricaturée pour ses compositions emplies de chagrin et de premier degré, la native de Saint-Louis, Missouri, n’a cessé de refuser toute catégorisation. Elle s’est emparée avec éclat d’un rock frondeur sur My Woman (2016), a côtoyé la pop sans sourciller aux côtés d’Alex Cameron, Cass McCombs et même Mark Ronson, avant de s’enticher d’un orchestre à cordes pour boucler All Mirrors (2019), son acte d’émancipation ultime paru à l’automne dernier. Pour autant, ses révolutions nécessitent de revenir au même point de départ : saisir une guitare, lancer l’enregistrement et graver ses émotions à la volée, avant d’émettre toute idée d’en sublimer l’ensemble pour mieux s’affranchir des formats traditionnels du folk.
Capté en octobre 2018 dans une ancienne église située à Anacortes, dans l’Etat de Washington, et réhabilitée en studio par le producteur Nicholas Wilbur et le musicien Phil Elverum de Mount Eerie, Whole New Mess est la version brute d’All Mirrors. Exit les cordes, l’électronique et les arrangements grandioses qui ont
contribué à la splendeur de l’album définitif. Place à un retour aux fondamentaux pour l’Américaine.
Sur onze pistes enregistrées en solitaire pendant dix jours, Angel Olsen s’ouvre à l’introspection sur le vif dans le plus pur dénuement. Derrière le souffle solennel des enregistrements et l’écho au charme suranné qui s’en échappe, les squelettes des compositions d’All Mirrors, auxquels s’ajoutent deux inédits (Whole New Mess, Waving, Smiling), gagneraient presque en intensité, tant la voix hallucinante de l’ex-choriste de Will Oldham, aussi puissante que vulnérable, en vient à faire saturer les bandes. “Faire cette première mouture m’a libérée. J’ai pu ensuite travailler avec d’autres personnes pour construire cet environnement de plus en plus grand”, avait-elle confié aux Inrockuptibles lors de la sortie d’All Mirrors. Plus qu’une simple collection de demos anodines, Whole New Mess est un exorcisme. Folk, sors de ce corps.