Rétrospective introspective
L’ancien Neu! MICHAEL ROTHER sort un coffret rassemblant les disques de sa période la plus électronique, ainsi qu’un nouvel album marquant le retour des guitares.
BIEN AVANT LE TEMPS DES PANDÉMIES ET DES MESURES DE QUARANTAINE, Michael Rother inventait l’auto-isolement à perpétuité. Reclus dans le petit hameau de Forst, en Basse-Lusace, depuis 1973, le cofondateur de la fusée motorythmique Neu! et du conglomérat radieux Harmonia (et un temps collaborateur espiègle de l’usine expérimentale Kraftwerk, avant le virage “pop” de Florian Schneider et Ralf Hütter) nous confiait l’an passé, lors de la sortie d’un coffret rassemblant ses quatre premiers albums solo, ne plus écouter beaucoup de musique, prétextant que le silence est encore de loin ce qu’il préfère. Il n’en demeure pas moins un artiste prolifique, avec dix albums sortis en son nom au compteur, des scores pour la télé allemande et quelques tournées après 2004 constituant les rares occasions qui le virent quitter ses contrées luxuriantes. Opiniâtre, le guitariste s’était mis en tête, au début des années 1970, d’évacuer de sa musique toute référence au blues, avant de rejeter les tâtonnements improvisés des pontes de la scène estampillée “kraut”, puis de s’émanciper de la présence en studio de ses acolytes que furent le producteur mythique Conny Plank, Klaus Dinger (Neu!) ou encore le métronome du groupe Can Jaki Liebezeit, avec qui il mettra en boîte ses premiers disques.