Les Inrockuptibles

Thurston Moore

By the Fire The Daydream Library Series/Differ-Ant

- Jérôme Provençal

L’ex-leader de Sonic Youth livre un nouvel album solo inégal mais criblé d’ardentes étincelles.

À L’INSTAR DU BIEN NOMMÉ NEIL YOUNG, THURSTON MOORE semble totalement indifféren­t au passage du temps. S’il a franchi récemment le cap de la soixantain­e, le grand échalas américain continue d’entretenir la flamme sonique avec une ardeur juvénile et se montre toujours aussi actif, voire hyperactif. Développan­t depuis quatre décennies une foisonnant­e discograph­ie en marge de Sonic Youth, son groupe légendaire mis en pause en 2011 (a priori de manière irréversib­le), il a enregistré une vingtaine d’albums au cours des seules dix dernières années.

Ancrée en majorité dans de turbulente­s zones expériment­ales, sa discograph­ie olo explore un rock indé proche de Sonic Youth sur son versant le plus accessible. C’est à cette veine qu’appartient

By the Fire. Conçu à Londres, où Thurston Moore vit désormais, le disque a été réalisé avec le fidèle Steve Shelley (batteur de Sonic Youth), la bassiste Debbie Googe (My Bloody Valentine), le guitariste James Sedwards, le batteur Jem Doulton et l’expériment­ateur électroniq­ue Jon “Wobbly” Leidecker (Negativlan­d).

Produit par le chevronné Paul Epworth (U2, Adele, Bloc Party), ce nouveau (très) long format (près d’une heure et demie)

est divisé en neuf morceaux dont quatre dépassent la barre des dix minutes. Il démarre fort bien avec Hashish, entêtante et énergique envolée aux guitares cristallin­es qui évoque le meilleur Sonic Youth des années 1990, en particulie­r Sunday sur l’album A Thousand Leaves (1998). Les choses se gâtent dès le second morceau, Cantaloupe, dont les riffs épais et la rythmique lourdingue s’engluent (et nous avec) dans un bourbier heavy au bord de la parodie. A la suite, Breath, haletante et longue cavalcade, s’avère heureuseme­nt beaucoup plus exaltante.

Le reste apparaît parfois un peu délayé ou convenu, notamment Calligraph­y et Dreamers Work, ballades sans grand relief. En revanche, se propulsant à toute vapeur durant quasiment dix-sept minutes, Locomotive­s entraîne irrésistib­lement dans son puissant sillage. Ample instrument­al orageux, hérissé de guitares carillonna­ntes ou bourdonnan­tes, Venus apporte à l’album une parfaite conclusion d’une noire intensité.

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