Les Inrockuptibles

A ma connaissan­ce, j’ai été la seule publicité pour une philosophi­e

- TEXTE Richard Robert

Entretien En janvier 1999, nous rencontrio­ns Juliette Gréco à l’occasion de la sortie de son album Un jour d’été et quelques nuits… Elle évoquait avec une grande lucidité et beaucoup d’humour SON STATUT D’ICÔNE.

Juliette Gréco — J’ai découvert toute petite le pouvoir et la beauté des mots. Je piquais des bouquins dans la bibliothèq­ue de ma mère. J’ai lu comme ça Céline, Marcel Aymé, la Bible, des livres sur la peinture… Les mots, au départ, c’est une musique. On lit, et quand on aime, on relit à haute voix. Tout d’un coup, on entend, des mots sortent et d’autres pas. C’est un don du ciel, la lecture… Plus tard, j’ai découvert les alexandrin­s. J’ai plongé là-dedans la tête la première : je voulais être tragédienn­e. Je voulais jouer Hermione, j’ai appris ce rôle toute seule. Et puis la guerre est arrivée, je suis entrée dans une école de théâtre à Paris, et j’ai effectivem­ent joué Hermione. Je faisais trembler les vitres de la véranda, je prenais une voix de stentor. La vie a ensuite fait que j’ai chanté.

A Saint-Germain-des-Prés, on vous a d’abord prêté une image de muse mystérieus­e, envoûtante. Vous n’avez jamais craint de ne pas vous y retrouver ?

Ça m’a parfois foutue en rogne. La seule chose qui m’a profondéme­nt perturbée, c’est qu’on m’ait installée sur un piédestal alors que j’avais 20 ans. Il a fallu que je sache

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