A ma connaissance, j’ai été la seule publicité pour une philosophie
Entretien En janvier 1999, nous rencontrions Juliette Gréco à l’occasion de la sortie de son album Un jour d’été et quelques nuits… Elle évoquait avec une grande lucidité et beaucoup d’humour SON STATUT D’ICÔNE.
Juliette Gréco — J’ai découvert toute petite le pouvoir et la beauté des mots. Je piquais des bouquins dans la bibliothèque de ma mère. J’ai lu comme ça Céline, Marcel Aymé, la Bible, des livres sur la peinture… Les mots, au départ, c’est une musique. On lit, et quand on aime, on relit à haute voix. Tout d’un coup, on entend, des mots sortent et d’autres pas. C’est un don du ciel, la lecture… Plus tard, j’ai découvert les alexandrins. J’ai plongé là-dedans la tête la première : je voulais être tragédienne. Je voulais jouer Hermione, j’ai appris ce rôle toute seule. Et puis la guerre est arrivée, je suis entrée dans une école de théâtre à Paris, et j’ai effectivement joué Hermione. Je faisais trembler les vitres de la véranda, je prenais une voix de stentor. La vie a ensuite fait que j’ai chanté.
A Saint-Germain-des-Prés, on vous a d’abord prêté une image de muse mystérieuse, envoûtante. Vous n’avez jamais craint de ne pas vous y retrouver ?
Ça m’a parfois foutue en rogne. La seule chose qui m’a profondément perturbée, c’est qu’on m’ait installée sur un piédestal alors que j’avais 20 ans. Il a fallu que je sache