Relic de Natalie Erika James
Avec Emily Mortimer, Robyn Nevin (E.-U., Aus., 2020, 1 h 29)
La mère de Kay est-elle sénile ou victime d’un esprit malfaisant ? Un film d’horreur arty dans la veine d’Ari Aster. Lorsque Edna, la matriarche de la famille, disparaît mystérieusement, sa fille Kay et sa petite-fille Sam se rendent dans sa maison isolée pour tenter de la retrouver. Après quelques jours, Edna finit par revenir, mais n’est plus tout à fait elle-même : atteinte de démence, elle murmure dans le noir des paroles insensées et semble voir des choses qui n’existent pas. Dans la lignée des films d’Ari Aster (Hérédité, Midsommar), de Robert Eggers (The Witch) ou de Jennifer Kent (Mister Babadook), Relic se situe à cette périphérie du cinéma d’horreur et du cinéma d’auteur que les critiques anglo-saxon·nes ont fini par appeler (un peu pompeusement) “elevated horror”. Le film de la jeune cinéaste américaine Natalie Erika James en reprend méticuleusement les codes : une peur parabolique et cérébrale (ici centrée sur la fin de vie et la décrépitude), un refus systématique de recourir à des jump scares et effets de manche gore, une mise en scène léchée, volontiers arty, et un récit brumeux et polysémique, ouvert aux interprétations multiples. S’il n’a pas l’ampleur d’un Hérédité, Relic réserve quelques moments d’angoisse sourde (visions glaçantes de la démence sénile) et propose un regard profondément troublant (et troublé) sur la famille, les non-dits qui la terrassent et les secrets enfouis qui la vicient. Jusqu’à un finale labyrinthique et curieusement beau, qui fait de ce film étonnant, longtemps atmosphérique et par endroits terrorisant, le sommet horrifique d’une année 2020 fort peu pourvue en la matière.