Les Inrockuptibles

Des zombies plus morts que vivants

Le nouveau spin-off de The Walking Dead, sous-titré WORLD BEYOND, prolonge mollement la franchise mais se dote de résonances troublante­s avec notre présent pandémique.

- A. B.

VOILÀ DIX ANS QU’UN VIRUS A DÉCIMÉ LA MAJORITÉ DE LA POPULATION MONDIALE, transforma­nt ses porteurs en cadavres ambulants amateurs de chair fraîche. Bien que son origine n’ait pas encore été élucidée et que son traitement se fasse toujours attendre, l’humanité survivante a reconstrui­t un semblant d’organisati­on sociale sous la houlette de la Civil Republic Military, une organisati­on gouverneme­ntale aux méthodes obscures. Appartenan­t à la première génération ayant grandi après le désastre, Iris et Hope quittent leur colonie fortifiée pour retrouver leur père, un scientifiq­ue qui leur fait parvenir d’inquiétant­s messages de détresse.

Second spin-off de l’adaptation télévisuel­le des comics de Robert Kirkman, Tony Moore et Charlie Adlard, The Walking Dead :World Beyond ne remonte pas aux sources de l’épidémie comme Fear the Walking Dead mais s’inscrit dans le prolongeme­nt de la série principale dont elle promet de dénouer l’un des derniers mystères en date, celui concernant l’organisati­on aux trois anneaux qui a enlevé Rick Grimes.

Renaissanc­e au féminin structurée selon les étapes du Voyage du héros de Joseph Campbell et tissant les codes des fictions adolescent­es sur la trame d’un récit d’apprentiss­age classique (il y sera question d’initiation et d’identité), World Beyond tente d’insuffler un nouvel élan à une franchise moribonde en conquérant un public plus jeune. Après tout, celles et ceux qui la suivent depuis ses débuts ont également vieilli de dix ans en suivant cet univers postapocal­yptique…

Marqués par une réalisatio­n essoufflée, des dialogues confondant­s de naïveté et une interpréta­tion approximat­ive, les deux épisodes que nous avons pu visionner n’annoncent pas tant le sursaut espéré qu’un soubresaut artificiel. Au fond, c’est comme si la franchise ne s’était jamais vraiment remise de l’entrée en scène sanglante de Negan à la charnière des saisons 6 et 7 de la série mère, décharge ahurissant­e de violence qui convoquait en interféren­ce une imagerie bien réelle, celle des exécutions spectacle mises en scène par Daech. Groggy après cet uppercut en provenance du réel,

The Walking Dead titube dans tous les sens sans parvenir à retrouver l’équilibre.

Passée depuis longtemps du territoire des morts à la main des vivants, l’horreur qui constituai­t son horizon est devenu un socle mou, dont les figures putrescent­es végètent en arrière-plan. Si les zombies sont toujours présents pour donner du fil à retordre aux personnage­s, ils semblent avoir été vidés de leur charge d’inquiétude par intégratio­n inconscien­te au tissu du monde. C’est sur ce point que World Beyond se dote de résonances troublante­s avec notre présent pandémique, celui où l’on doit apprendre à vivre avec l’épidémie en conjuguant les fondations de l’ancien monde avec les règles du nouveau.

The Walking Dead : World Beyond sur Prime Video

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Alexa Mansour et Aliyah Royale

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