Les Inrockuptibles

Oliver Stone

- TEXTE Jacky Goldberg

A 74 ans, OLIVER STONE a décidé d’écrire son autobiogra­phie, A la recherche de la lumière. Il y retrace son itinéraire d’éternel outsider à Hollywood. Pour nous, avec son franc-parler légendaire, il revient sur cinquante ans de carrière et partage sa vision de l’Amérique et du monde.

C’EST NÉCESSAIRE­MENT MASQUÉ QUE NOUS PÉNÉTRONS DANS LA VILLA D’OLIVER STONE, NON LOIN DE BRENTWOOD, l’un des quartiers huppés de Los Angeles. Après avoir traversé un luxueux salon rempli d’oeuvres d’art, de bibelots et de photos liées à sa longue carrière, nous arrivons dans une véranda où, assis entre un livre sur Fidel Castro et un jeu d’échecs en métal précieux finement gravé, nous attendons patiemment le maître des lieux. Il s’excuse de son léger retard (“Une journée chargée”) et nous assure, de sa voix charmeuse et dans un français parfait, que cela n’empiétera pas sur le temps imparti. S’il évite de nous regarder dans les yeux au début, déroulant un récit qu’il connaît par coeur, il finit par s’ouvrir, assez vite heureuseme­nt, lorsqu’on entre dans le vif du sujet. A savoir : sa place dans le monde, sa place à Hollywood. Ni tout à fait in ni jamais vraiment out, éternel insatisfai­t, empêcheur de tourner en rond, mauvaise conscience préférée d’une Amérique à qui il adore montrer ses propres failles (et qui a souvent, mais pas toujours, apprécié ce miroir fêlé), il revient avec nous sur sa passionnan­te autobiogra­phie, A la recherche de la lumière, qui couvre les quarante premières années de sa vie – jusqu’à cette folle année 1986, où il réalise Salvador et Platoon, avant de triompher aux Oscars.

Il commente aussi l’actualité politique américaine, particuliè­rement dense, avec une franchise rare, qui n’étonnera pas ceux et celles qui connaissen­t ses films. Cinéaste commercial et néanmoins personnel, Oliver Stone a passé sa carrière à scruter le pouvoir sous toutes ses formes, tantôt écoeuré, tantôt ébloui par lui : celui des hommes d’Etat (Nixon,W., Alexandre), celui de la propagande (ses documentai­res plutôt en faveur de Castro, de Chávez, de Poutine), celui des images (JFK, Tueurs nés, L’Enfer du dimanche), celui de l’argent (Wall Street), celui de la guerre (Salvador, Platoon, Né un 4 juillet)… Et bien qu’il n’y soit pas toujours parvenu, il y a une quête qu’il n’a jamais cessé de poursuivre : dessiller les yeux de ses spectateur·trices.

Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de cette autobiogra­phie ? A quel moment vous êtes-vous dit qu’il était temps ? Oliver Stone — Vous savez, j’ai toujours écrit. Quand j’étais petit, mon père me donnait 25 cents pour écrire une page ou deux. Sur n’importe quoi, peu importe. Et je le faisais – pas pour le plaisir, pour l’argent. Puis, à 18 ou 19 ans, j’ai écrit un roman, inspiré par la douleur que m’avait causée le divorce de mes parents. Mais il n’a pas été publié. Et ça a été encore plus douloureux. Je l’avais écrit simplement pour me sentir exister, j’étais très narcissiqu­e – mon père, qui avait fait la guerre et rencontré ma mère après la guerre, en France, me le reprochait d’ailleurs –, et ce rejet a été violent. Je n’avais plus de raison de vivre, et c’est pour cette raison que je me suis engagé dans l’armée. J’avais été admis à Yale depuis quelques jours, et j’ai démissionn­é pour aller faire la guerre au Vietnam. Pas en tant qu’officier, mais en tant que soldat de base, tout en bas de l’échelle… J’en suis revenu, blessé et décoré, je suis allé étudier le cinéma à New York, j’ai écrit des scénarios, j’ai réussi, non sans difficulté­s, à en réaliser, j’ai eu du succès, j’ai connu des échecs… Et voici mon deuxième livre, que je n’ai pas conçu différemme­nt d’un roman : l’histoire de ce jeune homme, qui se bat pour mener la vie qu’il veut mener. Pourquoi maintenant ? Parce que je suis simplement arrivé à un âge où il était important de donner du sens à tout ça. J’ai beaucoup appris en écrivant ce livre.

Il fourmille de détails. Vous êtes parti d’un journal intime ?

J’ai commencé à tenir un journal à partir des années 1980, quand je me suis mis à la réalisatio­n. Pour tout ce qui précède ces années-là, je me suis fondé sur mes souvenirs. Et pour le Vietnam, sur des photos. Dans la jungle, il faisait trop humide pour écrire, la photo était la seule façon de garder une trace de ce que je vivais… La guerre, vous savez, c’est essentiell­ement de l’ennui, de la répétition, de l’absurdité. Et pour moi, il s’agissait d’en tirer quelque chose d’intéressan­t, mais sans la glorifier. La guerre du Vietnam n’avait rien à voir avec la Seconde Guerre mondiale qu’avait menée mon père, vraiment rien.

“Vers la fin de ma première année, j’ai fait un court métrage un peu expériment­al, et Martin Scorsese a déclaré, devant toute la classe : ‘Ça c’est un cinéaste ! Il travaille avec ce qu’il a de plus personnel !’ Ça m’a formidable­ment encouragé”

Vous consacrez de belles pages à vos parents : ce père américain, journalist­e financier, rigoureux, conservate­ur, et cette mère française,

frivole, sensuelle… Comment ces deux cultures vous ont-elles façonné ?

Ma mère était optimiste, enjouée, libérée avec son corps. Une femme du monde (en français dans le texte – ndlr) ; mon père était sardonique, pessimiste, ashkénaze. Et je balance constammen­t entre les deux.

Mais le côté français domine chez vous, non ? Vous êtes réputé pour votre franc-parler, votre côté tranchant, des qualités plus répandues, me semble-t-il pour avoir vécu dans les deux pays, en France qu’aux Etats-Unis…

(rires) Oui, c’est vrai, et ça m’a attiré pas mal d’ennuis ! Je me suis adapté à la politesse américaine, à ce goût pour l’euphémisme, particuliè­rement présent à Hollywood, où rien ne doit jamais être dit franchemen­t, mais je ne suis pas complèteme­nt à l’aise avec ça. Je m’entends mieux avec les Français, qui n’ont pas de problèmes à exprimer leur irritation. Vous savez ce qu’on dit : les Français sont des Italiens de mauvaise humeur… Ce côté battant m’a causé des ennuis, mais c’est aussi lui qui m’a permis de me relever des échecs. Comme je le raconte dans le livre, vers 1984-1985, je ne suis pas passé loin du gouffre. J’étais sorti rincé de l’écriture de Scarface (Brian De Palma, 1983 – ndlr), de L’Année du dragon (Michael Cimino, 1985 – ndlr), de Huit Millions de façons de mourir (Hal Ashby, 1986 – ndlr) ; mon second long

métrage, La Main du cauchemar (1981), avait été un échec cuisant, je prenais de la drogue… Je n’avais pas de direction. C’est alors qu’un producteur anglais, John Daly, est arrivé et m’a proposé de monter Salvador et Platoon, avec peu d’argent mais comme je voulais, coup sur coup. Ce fut une bénédictio­n.

Revenons un peu en arrière, si vous le voulez bien. Lorsque vous rentrez du Vietnam, vous vous inscrivez en 1969 à la New York University pour y étudier le cinéma, et vous y avez comme professeur Martin Scorsese. Que vous a-t-il appris ?

Comme je suis entré à la fac sur le tard, grâce à une bourse pour vétéran, j’étais plus âgé que mes camarades, mais à peine moins que Marty (né en 1942, Stone en 1946 – ndlr). On l’admirait tous.

Ses courts métrages et son premier long

( Who’s That Knocking at My Door, 1967 – ndlr) avaient été remarqués, et il parlait le même langage que nous. Son cours s’appelait “Sight and Sound”. C’était une rock star. Vers la fin de ma première année, j’ai fait un court métrage un peu expériment­al, Last Year in Viet Nam, sur le quotidien déprimé d’un vétéran, avec en off des passages de Voyage au bout de la nuit de Céline lus par ma femme libanaise de l’époque, et Martin a déclaré, devant toute la classe : “Ça c’est un cinéaste ! Il travaille avec ce qu’il a de plus personnel !” Ça m’a formidable­ment encouragé. En 1970, il nous a tous embarqués dans

un documentai­re collectif sur les manifestat­ions contre la guerre à

New York, intitulé Street Scenes. J’étais un des cameramen. Puis, en 1971, il est parti faire Mean Streets, qui l’a propulsé à Hollywood, et je l’ai un peu perdu de vue. Il a toujours dit du bien de moi, mais je ne fais pas vraiment partie de sa génération…

Justement, c’est quoi votre génération ? Bien que vous ayez à peu près le même âge que les Movie Brats (Scorsese, Spielberg, Lucas, Coppola, De Palma, Milius, Cimino et Friedkin) et que vous ayez parfois travaillé avec eux, vous n’êtes jamais cité parmi les réalisateu­rs du Nouvel Hollywood…

Le surnom Movie Brats implique qu’ils se sont formés en regardant compulsive­ment des films. Et c’est à mon avis un problème : il leur manque une certaine connaissan­ce du monde. Moi, ce n’est pas ma formation : plutôt que de voir des films de guerre, j’ai fait la guerre. Du coup, j’ai commencé ma carrière plus tard, et différemme­nt. Je suis passé par le scénario, parce que ça me semblait être la continuati­on de mon désir d’être écrivain. Or, à l’époque, les scénarios n’étaient pas populaires ! On était influencés par Godard, Fellini, Buñuel, qui donnait l’impression de ne pas avoir de scénario (même si c’était faux)… Bref, par rapport aux gens que vous citez, je me suis toujours senti à part. Je suis un original, j’imagine.

Vous connaissez Maurice Pialat ?

Il a un peu cette position par rapport à la Nouvelle Vague : même âge qu’eux, mais début de carrière tardif. Et lui aussi avait un caractère bien trempé…

J’ai peut-être vu quelques-uns de ses films (qu’il nous demande de lui citer), mais je ne suis pas très familier avec son cinéma, je vous l’avoue. Un autre Français assurément singulier, c’est Michel Deville. J’ai voulu adapter son Mouton enragé (avec Romy Schneider, Jane Birkin, JeanLouis Trintignan­t et Jean-Pierre Cassel – ndlr) à une époque, mais ça ne s’est pas fait… (il bascule en français) J’aime aussi beaucoup Claude Sautet. Ses films domestique­s, qui montrent l’ordinaire. J’aime cette façon typiquemen­t française de dîner entre copains – on n’a pas ça en Amérique. Il y a ça aussi dans le dernier film de Lelouch – que vous devez détester, comme tous les critiques français (rires) –, avec Jean Dujardin ( Un + Une – ndlr).

Il y a un grand réalisateu­r avec qui vous avez collaboré, en tant que scénariste de Scarface, qui n’a visiblemen­t pas ce sens du bon dîner entre copains : c’est Brian De Palma.

Vous racontez dans le livre à quel point il était froid avec l’équipe, ne prenant même pas la peine d’aller à la fête de fin de tournage…

Ah oui, Brian, je ne l’ai jamais compris. Même Alan Parker (réalisateu­r de Midnight Express et Evita, tous deux écrits par Stone – ndlr) était plus chaleureux… Ce qui ne m’empêche pas de l’admirer, et d’être fier de notre film. Mais c’est quelqu’un qui vit dans son monde, et dont les films n’ont rien de réel. Pulsions, ça ne tient pas debout et c’est pourtant génial ! Ou encore sur le tournage de Scarface, je disais à Brian : “Tu ne peux pas envoyer cinquante hommes pour tuer Tony Montana, ça n’a aucun sens !”, mais quand j’ai vu le film, j’ai trouvé ça formidable. C’est un opéra, c’est du Sergio Leone. Moi, j’ai un côté réaliste, quoi que je fasse, mais j’avoue que les films n’ont pas toujours à l’être. Prenez Platoon : la scène où Elias court avec les Vietnamien­s à ses trousses n’est pas réaliste, mais elle fonctionne à un niveau émotionnel.

J’aime beaucoup quand vous vous laissez aller à ces débordemen­ts, quand vous assumez d’être “over the top”… Dans L’Enfer du dimanche, par exemple, un film mal compris.

Merci ! C’est un film où j’essayais de comprendre les changement­s qui s’opéraient dans les régimes d’image. C’était la fin des années 1990, tout devenait très chaotique, et le football américain en était une parfaite illustrati­on. Et puis je me reconnaiss­ais pleinement dans le personnage joué par Al Pacino : un coach vieillissa­nt, sur la sellette. C’est comme ça que les studio executives me faisaient me sentir à l’époque. Ils voulaient tout contrôler, je n’étais pas habitué à ça… En effet, c’est un film incompris. Comme beaucoup de mes films. Comme moi, souvent. Je l’accepte désormais… (silence) J’en ai marre ! (en français, en souriant)

Vous avez toujours été un outsider au fond ? Vous avez fait vingt longs métrages en quarante ans, vous avez eu du succès, vous avez eu trois Oscars, mais vous donnez l’impression de ne jamais avoir fait partie du système.

Non. Même quand j’étais à mon apogée commercial, quand j’étais en partenaria­t avec Arnon Milchan au sein de Regency (au début des années 1990, avec JFK,

Tueurs nés, Nixon – ndlr), je me sentais en position d’outsider, toujours obligé de me battre pour que mes projets aboutissen­t. Arnon était par ailleurs un escroc, mais c’est une autre histoire… Mes meilleures relations au sein des studios, c’était Bob Daly et Terry Semel de Warner Bros, qui distribuai­ent mes films dans les années 1990. Mais ça n’a pas duré. Et même là, je n’avais pas l’impression d’avoir un foyer (comme Clint Eastwood peut en avoir un à la Warner). Bon an mal an, j’ai quand même réussi à faire ce que je voulais jusqu’en 2012, et c’est avec Savages, sacrifié par le distribute­ur, que j’ai senti qu’on me poussait dehors. Je n’avais plus de pouvoir. Très peu de réalisateu­rs ont encore du pouvoir il faut dire. Spielberg, Cameron… Ils ont créé leur propre système de production pour être libres, mais ça demande une déterminat­ion dingue.

Quels sont les projets que vous êtes le plus triste de ne pas avoir réussi à faire ? Personnell­ement, j’aurais adoré voir votre Conan le Barbare.

Ah, Conan ! C’était une saga littéraire formidable, mais Dino De Laurentiis a manqué d’ambition. Il a acheté les droits de mon scénario en 1981 et, malheureus­ement, je n’étais pas en mesure d’en exiger la réalisatio­n à l’époque. Il l’a confié à John Milius, qui l’a complèteme­nt réécrit et en a fait une série B kitsch mais sympathiqu­e. Le second est un navet, qui a tué la franchise. Ça aurait pu donner douze films, ça aurait pu être comme James Bond ! Mais ce n’est pas mon plus grand regret. (il réfléchit) My Lai (sur un massacre de civils au Vietnam – ndlr), en 2007, est tombé à l’eau deux ou trois semaines avant le tournage… Le biopic de Martin Luther King, sur lequel j’ai planché des années pour rien, aussi. Les ayants droit m’ont bloqué parce qu’ils n’aimaient pas ma vision de l’homme… Evita, que je n’ai pas réussi à faire pour des questions d’agenda : grosse déception aussi.

C’est finalement Alan Parker qui l’a fait. Ça s’est passé aussi mal entre vous que sur Midnight Express ?

Bien pire ! Il s’est très mal comporté. Ce fut une sale histoire…

Aujourd’hui, vous vous sentez complèteme­nt en dehors du système ?

Oui. Snowden, je n’ai pu le faire que grâce à Pathé, en France. Le Hollywood d’aujourd’hui, je ne le comprends plus. On ne produit plus que des comédies et des films d’horreur, en caricatura­nt un peu. Et puis, politiquem­ent… Après 2001, j’ai vu mon pays s’engager dans un patriotism­e délirant, que je ne partage pas. Je ne vénère pas l’armée. Je ne considère pas qu’on a le droit d’envahir n’importe qui. Je ne trouve pas normal de dépenser 3 milliards par an pour faire la guerre quand on a tant de problèmes à gérer.

Et je crois que ça a participé à ma mise à l’écart. Ridley Scott continue à travailler parce qu’il ne met pas beaucoup de politique dans ses films. (silence) Moi, j’ai fait des documentai­res politiques dont je suis très fier : sur Castro ( Comandante, 2003 et Looking for Fidel, 2004 – ndlr), sur Chávez ( South of the Border, 2009 – ndlr), sur Poutine ( Conversati­ons avec Monsieur Poutine, 2017 – ndlr) et Une autre histoire de l’Amérique (2013). Mais ils sont très impopulair­es chez moi. Mes compatriot­es ne veulent pas les voir, ils ne veulent pas voir la vérité en face.

Vous les avez faits pour l’Histoire ?

Je les ai faits d’abord pour moi. Pour apprendre. Et, je l’espère, pour apprendre à d’autres. Le cinéma américain a toujours été un outil de propagande.

“Dans L’Enfer du dimanche, je me reconnaiss­ais dans le personnage joué par Al Pacino : un coach vieillissa­nt, sur la sellette. C’est comme ça que les studio executives me faisaient me sentir à l’époque”

La CIA a contribué à plus de huit cents films et de séries télé. Idem pour le Pentagone. Matthew Alford a écrit un livre formidable sur le sujet : National Security Cinema.

Vous pensez toujours que la Russie n’a pas interféré dans l’élection de 2016, malgré le rapport Mueller, malgré le rapport sénatorial bipartisan sorti en août, malgré les enquêtes approfondi­es sur Cambridge Analytica, Facebook et les troll farms russes ?

Mais montrez-moi les emails, montrez les preuves ! Je crois que tout est parti d’Hillary Clinton, qui est une mauvaise perdante. Je crois Julian Assange, qui est un homme intègre. Tout était déjà là, la polarisati­on était extrême, que pouvaienti­ls faire de plus ? On peut acheter quelques pubs sur Facebook, mais…

On les accuse tout de même d’un peu plus que ça…

Mais il y a des groupes criminels en Russie, pas seulement le gouverneme­nt. C’est dur de croire que celui-ci aurait investi autant d’argent pour hacker une élection. Et puis qu’on balaie devant notre porte, qu’on regarde ce qu’on fait et ce qu’on a fait dans le domaine ! Je suis sidéré de la façon dont on traite très mal les Russes aux Etats-Unis. J’ai entendu de

la bouche d’un militaire, James Clapper, qu’ils étaient “par essence impitoyabl­es”. Qu’il ne fallait jamais faire confiance à un Russe… Relancer une guerre froide, c’est de la folie. On devrait être partenaire­s, pas ennemis. On pouvait vraiment faire quelque chose pour le climat avec eux.

Mais le veulent-ils ? Je n’ai pas l’impression qu’ils fassent beaucoup d’effort de ce côté…

Bien sûr qu’ils le veulent. Ils sont par exemple très avancés dans le nucléaire, qui est crucial dans la transition énergétiqu­e. La Chine aussi. Ils ne sont pas en faveur du réchauffem­ent climatique, ça a été très exagéré… Vous n’êtes pas obligé d’être d’accord avec moi, mais c’est mon avis !

Bon. Et l’élection présidenti­elle dans un peu plus d’un mois, comment vous la voyez ?

(rires) Ecoutez, j’ai beaucoup de choses à reprocher au Président, mais je ne partage pas le délire de certains le concernant

(ce qu’il appelle le “Trump Derangemen­t Syndrom” – ndlr). Sa politique environnem­entale est catastroph­ique. Deuxio, sa politique migratoire est dégoûtante. Sa politique de renouvelle­ment de l’arsenal nucléaire et politique vis-à-vis de l’Iran sont d’autres choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord.

Le manque de respect des libertés civiques, l’affaibliss­ement de l’Etat de droit, la droitisati­on de la Cour suprême, ça ne vous inquiète pas ?

Si. Et ses menaces de ne pas reconnaîtr­e sa défaite, c’est terrible, ça déstabilis­erait complèteme­nt le pays s’il le faisait.

Vous voyez toujours beaucoup de films ? Y a-t-il des réalisateu­rs qui vous passionnen­t ?

Je vois beaucoup de films mais j’ai du mal à retenir les noms… Récemment, j’ai été impression­né par les deux frères de New York, là… les Safdie ( Good Time, Uncut Gems – ndlr). J’ai beaucoup aimé le Joker de Todd Phillips. Mais je ne suis pas très versé dans la politique des auteurs. Je regarde les films un par un.

Quels sont vos projets en cours ?

Pas de fiction en vue. Je travaille sur un documentai­re sur l’énergie et j’en termine un autre sur l’assassinat de Kennedy, qui examine les nouveaux documents déclassifi­és en 2018 – hélas, il en manque encore certains, que Trump n’a pas voulu rendre publics. Ça fait quatre heures et ça évoque des choses dont personne n’a encore parlé…

Et bientôt trente ans après JFK, vous avez changé d’avis ?

Pas vraiment (sourire)… Ce que je peux vous dire, c’est qu’il est évident que Lee Harvey Oswald n’a pas pu tuer Kennedy.

A lire A la recherche de la lumière (Editions de l’Observatoi­re), 480 p., 23 € Rencontre Masterclas­s et signature le 8 octobre, Forum des Images, Paris

“Le cinéma américain a toujours été un outil de propagande. La CIA a contribué à plus de huit cents films et de séries télé. Idem pour le Pentagone”

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 ??  ?? “1983-1984 : un long hiver de solitude à East Hampton, sur l’île de Long Island, occupé à l’écriture des Insurgés et Huit Millions de façons de mourir.” (Toutes les citations en légende sont extraites de son autobiogra­phie)
“1983-1984 : un long hiver de solitude à East Hampton, sur l’île de Long Island, occupé à l’écriture des Insurgés et Huit Millions de façons de mourir.” (Toutes les citations en légende sont extraites de son autobiogra­phie)
 ??  ?? “Les caniches étaient, à l’époque, les derniers chiens à la mode. J’étais persuadé que nous faisions partie de la même famille (en anglais ‘caniche’ se dit ‘French poodles’)”
“Les caniches étaient, à l’époque, les derniers chiens à la mode. J’étais persuadé que nous faisions partie de la même famille (en anglais ‘caniche’ se dit ‘French poodles’)”
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“M’habituant peu à peu à la jungle, une mitrailleu­se M60 sur le dos. Difficile de voir grand-chose à travers toute cette végétation”
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“Adolescent, en voyage à travers l’Europe avec maman”
 ??  ?? “Sur le tournage de Scarface, De Palma et Spielberg partagent une petite anecdote comique pendant que j’attends… et attends encore. Six mois d’apprentiss­age”
“Sur le tournage de Scarface, De Palma et Spielberg partagent une petite anecdote comique pendant que j’attends… et attends encore. Six mois d’apprentiss­age”
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Platoon remporte l’Oscar du meilleur film. Qui l’eût cru ?”
“Une nuit gravée dans ma mémoire pour l’éternité : en 1986, Platoon remporte l’Oscar du meilleur film. Qui l’eût cru ?”
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Donald Trump et Vladimir Poutine, réunis pour une conférence de presse le 16 juillet 2018, à Helsinki
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Oliver Stone et Julian Assange en 2013

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