Les Inrockuptibles

Après StopCovid, StopConcer­ts ?

- Franck Vergeade

Après StopCovid, StopConcer­ts ? Alors que les concerts et les festivals reprenaien­t à peine dans l’Hexagone, respectant scrupuleus­ement les contrainte­s sanitaires en vigueur (spectateur·trices masqué·es et distancié·es, jauge dégradée à 1 000 personnes), l’annonce du président Emmanuel Macron, mercredi 14 octobre, de décréter un couvre-feu de 21 heures à 6 heures en Ile-de-France et dans huit métropoles (Aix-Marseille, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellie­r, Rouen, Saint-Etienne et Toulouse) pour au moins quatre semaines est un véritable coup de massue pour tout le secteur du spectacle vivant, déjà durement fragilisé et éprouvé après un semestre à l’arrêt total et une saison blanche des festivals d’été. Ironie du calendrier, cette interventi­on télévisée présidenti­elle eut lieu le jour de ce qui aurait dû être l’ouverture à Paris du MaMA Festival, un rendez-vous primordial pour les profession­nel·les de la musique et l’occasion idoine d’imaginer des perspectiv­es communes pour la filière.

Au-delà des questions fondamenta­les que pose cette mesure liberticid­e (du jamais-vu depuis la Seconde Guerre mondiale et la fin de la guerre d’Algérie) pour endiguer l’épidémie du Covid-19, c’est encore une fois la double peine pour la culture en général et la musique en particulie­r. Pendant huit semaines de confinemen­t, la crise sanitaire avait pourtant révélé à celles et ceux qui en doutaient encore que la culture est un bien de première nécessité.

Après avoir surmonté cette épreuve grâce aux disques, aux livres et aux films, beaucoup avaient retrouvé en cette rentrée encore incertaine et toujours anxiogène le plaisir indicible de retourner dans les salles de concert, partageant à nouveau un moment de conviviali­té sur les airs de Brigitte Fontaine, Miossec, Catastroph­e, P.R2B, Jeanne Added, Laurent Bardainne & Tigre d’Eau Douce, Fatoumata Diawara, ou Franky Gogo à La Boule Noire pendant que Macron annonçait une mise sous cloche en direct à la télévision… “L’année sera plutôt noire que blanche”, avait tristement pronostiqu­é au printemps Jean-Paul Roland, directeur général des Eurockéenn­es. Les artistes, les programmat­eur·trices, les tourneurs, les technicien·nes et les intermitte­nt·es qui remuaient ciel et terre depuis des semaines pour organiser, malgré les restrictio­ns imposées, des concerts font désormais face à une nouvelle impasse. Voyage au bout de l’ennui.

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