Du rire aux armes
Redécouvrir l’histoire d’UN MEC DE LÉGENDE, s’offrir chaque matin UNE CURE D’INTELLOL et revivre UNE JOURNÉE D’ÉMEUTES contre la IIIe République.
LÉGENDE – COLUCHE
C’est l’histoire d’un mec qui nous faisait rire. D’un grand clown aux airs de bambin avec sa salopette rayée, ses bottines blanches et son nez rouge. Un personnage aussi attendrissant que désopilant, à la gouaille alcoolisée, qui a véritablement marqué son époque. Coluche, comique décédé trop tôt, est mis à l’honneur dans le troisième numéro de Légende. “Avec son fond anar allergique à tous les interdits, son sens de la provoc et son talent subversif, il a traversé l’époque au point de devenir une référence”, insiste Eric Fottorino dans son édito. Avec de magnifiques clichés en noir et blanc – on retiendra notamment la série de Bernard Prim sur le tournage du film de Claude Berri, Tchao Pantin (1983) –, des affiches et des textes hommages, le magazine retrace la vie de celui qui faisait de la transgression culturelle son étendard. Ses débuts sur scène, son succès télévisé, ses films, son César, ses amitiés (Romain Bouteille, Patrick Dewaere…), ses combats contre le racisme et la pauvreté, ses démons… Tout y passe. Jusqu’à ce jour de l’année 1980 et sa candidature à l’élection présidentielle annoncée en couverture de l’hebdomadaire satirique Hara-Kiri.
Dans les dernières pages, une citation de Coluche qui fait encore sens aujourd’hui est apposée en miroir à la photo du restaurant le Fouquet’s démembré par des Gilets jaunes : “Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c’est une crise. Depuis que je suis petit, c’est comme ça.” Fanny Marlier
Légende N° 3 en kiosque, 20 €
BRAIN MATIN
En 2021, toute fantaisie est bonne à prendre ! Quelle joie donc de découvrir un beau matin dans notre boîte mail la petite histoire du parachute anal (soit la prise de drogue par le rectum) tel que le pratiquait Rod Stewart dans les années 1970, signée de l’excellent Patrick Thévenin (l’un de nos collaborateur·trices). Cette douceur, on la doit à Brain Magazine qui n’alimente plus son site mais poursuit sa quête “intellol” – comme on le disait dans les années 2010 – dans une newsletter matinale quotidienne et payante (4 euros par mois) avec pertinence et mordant. Tour des matinales, interviews politiques, analyses sérieuses, éditos bien sentis, recommandations culturelles, les meilleurs clips du jour, enquêtes (notamment sur les auteur·trices de tubes oubliés, comme Tribal King et son Façon Sex), mais aussi la géniale “Page pute” qui n’a toujours pas
dit son dernier mot. “On a voulu enfourcher le tigre comme nous l’a recommandé notre président, explique Anaïs Carayon, fondatrice de Brain Magazine.
Plus sérieusement, face à la baisse des investissements publicitaires liée à la crise sanitaire, on a dû précipiter notre réflexion sur une refonte de notre modèle. C’est un format hyper-excitant, qui permet de concentrer toute l’attention des gens chaque matin sur un mini-magazine regroupant tout ce qui a fait le succès de Brain, à savoir de la politique, de la culture et des trucs drôles, contrairement au format de site web, où l’info est disséminée entre toutes les rubriques.”
Un condensé en pas de côté qui forme un bon bol d’air frais en ces temps asphyxiants. Carole Boinet
Brain Matin brain-matin.fr
LE JOUR OÙ LA RÉPUBLIQUE A VACILLÉ : 6 FÉVRIER 1934 C’est une plongée dans l’histoire dont on ne ressort pas indemne. Uniquement constitué d’images d’archives, le documentaire réalisé par Cédric Gruat et coécrit avec Didier Sapaut, retrace heure par heure le déroulé d’une manifestation qui a failli virer au coup d’Etat, le 6 février 1934. Son déclencheur est l’affaire Stavisky (adaptée en film par Alain Resnais en 1974), du nom d’un escroc soupçonné de corruption et retrouvé mort dans des circonstances mystérieuses. On pense alors que le pouvoir politique s’est protégé en se débarrassant de lui. La droite et l’extrême droite appellent à manifester – la crise économique et l’augmentation du prix de l’essence s’ajoutent à la défiance politique. Rapidement, le rassemblement vire à l’émeute place de la Concorde. Le bilan est lourd : près de 20 morts et plus de 1 500 blessés. Des caméras captent l’embrasement. Sur les images exceptionnelles exhumées dans ce film, on voit des manifestants brandir des képis, les flancs des chevaux de la gendarmerie tailladés à coups de lames de rasoir, des bus en flammes, le tout à deux pas du Palais Bourbon (renommé par certains “Palais Bourbeux”). Badauds en colère, Croix-de-Feu, anciens combattants, Camelots du roi, Solidarité française et casseurs font craindre un coup d’Etat fasciste. Des contre-manifestants communistes se rassemblent d’ailleurs ce soir-là aux Halles. Pour la gauche, c’est le point de départ du Front populaire. En 1944, Vichy célébrera ce fait d’armes qui fit vaciller la République.
Le jour où la République a vacillé :
6 février 1934 de Cédric Gruat, le 7 février à 22 h 40 sur France 5