Les Inrockuptibles

Une psychose sous contrôle

Entre comédie indé et thriller psychologi­que, SEARCH PARTY continue de creuser son sillon singulier, qui parfois se perd dans ses propres dédales pour mieux nous égarer, mais toujours avec panache.

- Olivier Joyard

QUELLE ÉTRANGE SÉRIE : VOILÀ CE QUI NOUS TRAVERSE L’ESPRIT EN PERMANENCE DEVANT “SEARCH PARTY”. Arrivée à sa quatrième saison, la création de Sarah-Violet Bliss, Charles Rogers et Michael Showalter poursuit sans ciller son mélange de comédie indé et de thriller psychologi­que avec, semble-t-il, un seul but en tête : pousser à fond les curseurs de la folie pour ses personnage­s toujours plus déphasés. On rappelle que la série raconte les aventures de quatre jeunes gens menés par Dory, l’héroïne, qui se sont mis en tête pendant la première saison de rechercher une étudiante disparue.

Un incident grave a eu lieu – un homme est mort – et depuis, tout a dérapé. La nouvelle fournée d’épisodes débute alors que la bande a été acquittée lors de son procès. Mais Dory, elle, n’a pas pu reprendre une vie normale. Kidnappée, elle passe ses journées enfermée sous le joug d’un psychopath­e, un jeune homme qui a reconstrui­t à l’identique l’appartemen­t de sa proie et tente de lui faire admettre qu’il·elles sont en réalité les meilleur·es ami·es du monde. Un genre de Norman Bates 3.0 dont on a envie dès la première minute qu’il disparaiss­e de notre vue.

La captive en restera-t-elle saine d’esprit ? Alia Shawkat, l’actrice principale, paraît en douter et faire de ce doute son sujet. Elle promène un corps éprouvé et une angoisse immense dans des scènes qui captent son instinct de survie – la seule chose qui reste quand la liberté et la

morale ne font plus partie des possibilit­és ? Mais comme ce personnage navigue à vue et tente de se sortir de l’horrible situation qui l’enserre, la série elle-même semble avancer pas à pas, de scène en scène, en espérant rester cohérente. Il y a quelque chose de ténu, voire de désespéré dans la manière dont la fiction veut tenir debout malgré tout. C’est parfois le lot des histoires qui durent un peu trop. Search Party aurait pu s’arrêter beaucoup plus tôt, mais sa reprise en main par HBO Max – qui a racheté les droits à TBS – laisse penser qu’une suite est encore possible, y compris après cette quatrième saison.

Depuis son apparition, la série déploie une vision noire, voire désespérée de la génération des millennial­s. Mais cette fois, toutes les limites ont été franchies, comme si une bile noire avait envahi les unes et les autres, au gré de scènes où les gags semblent façonnés pour provoquer un malaise et un glissement vers une zone inexplorée. D’un certain point de vue, ce panache impression­ne. Mais on peut aussi considérer que Search Party fait désormais partie du club des séries qui ne parlent plus qu’à leurs fans.

Search Party saison 4 sur OCS

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Alia Shawkat

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