Les Inrockuptibles

Garth Greenwell Pureté

- G. L.

(Grasset), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nicolas Richard, 288 p., 20,90 €

Un professeur américain expatrié en Bulgarie à l’épreuve de ses tourments sensuels et sexuels. Pureté de l’Américain Garth Greenwell n’est pas très pur. Et c’est tant mieux. Dans sa forme même qui alterne des pages de profond existentia­lisme avec d’autres, aussi profondes, qui explorent une homosexual­ité dont le narrateur détaille les subtilités pornograph­iques. Il est américain, professeur de littératur­e à l’American College de Sofia.

Le récit à la première personne, et probableme­nt autobiogra­phique, s’ouvre sur une rencontre entre le professeur et G., un de ses jeunes étudiant·es, qui guigne après un mentor mature des leçons de savoir-lire tout autant que de savoir-vivre. Mais le lien plus indicible qui relie les deux hommes est sensuel. Tandis qu’il écoute le jeune homme, le professeur est assailli par des apartés intimes : la fin douloureus­e d’un amour, des considérat­ions pas très gaies sur l’homosexual­ité dans la Bulgarie contempora­ine ou des échappées belles dans les rues de Sofia : “J’avais le sentiment que la ville s’ouvrait, les immeubles monolithiq­ues en béton aveugle de style soviétique faisant place à des cours, des cafés et des sentiers traversant de petits parcs envahis de mauvaises herbes dont je ne soupçonnai­s pas l’existence.” Sans transition ni pincettes, on bute sur le hardcore d’une séance avec un maître SM. Le mentor mute en esclave. Le charme de Pureté est tout entier dans cette noria qui divague du réalisme quasi mondain à une crudité nettement plus hors la loi. En embuscade poétique, l’hypothèse de l’amour fou, censément rédempteur.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France