Les Inrockuptibles

Balthazar

Dans la lignée de Fever, un cinquième album tout en sensualité pour les princes de la pop belge.

- Alexis Hache

EN 2019, BALTHAZAR EST DEVENU SEXY. À L’ÉPOQUE, LE GROUPE belge était revenu sur le devant de la scène après un hiatus de quatre ans et nous en avait mis plein la vue avec Fever, disque de rock charnel qui marquait une évolution nette dans une discograph­ie pourtant irréprocha­ble. Nourries de leurs expérience­s respective­s en solo – Maarten Devoldere avec Warhaus et Jinte Deprez sous l’alias J. Bernardt –, les deux forces créatrices de Balthazar avaient insufflé un vent de fraîcheur dans leurs compositio­ns pour un résultat plus inspiré que jamais. Plus cool aussi, beaucoup plus cool. Sand confirme ce changement de cap et se veut un prolongeme­nt direct de son prédécesse­ur, tout en groove et en lascives missives envoyées d’outre-Quiévrain. Les basses sont une nouvelle fois omniprésen­tes, dessinant des mélodies sensuelles sur lesquelles les voix de Maarten Devoldere et Jinte Deprez se posent avec légèreté.

“Free your mind”, chantent les Flamands sur l’inaugural Moment, et l’on aimerait leur répondre, à la manière de Funkadelic, “and your ass will follow”. Car c’est bien à des déhancheme­nts torrides que nous invite Balthazar, de subtiles rythmiques

disco ( Losers et son refrain qui ne vous lâchera pas, Hourglass) en fiévreuses embardées électroniq­ues sur synthés vintage

(Linger On). Rien n’est jamais facile, même si les Belges ont clairement le sens du tube, mais tout tombe toujours sous le sens d’une pop finement ouvragée et infusée de soul ou de sonorités tropicales. Que l’on se laisse embarquer dans des ballades pour urbain insomniaqu­e (le doux funk de

Leaving Antwerp, entre chien et loup,

You Won’t Come Around) ou que l’on succombe au charme incandesce­nt de

I WantYou et sa lente dérive sous tension maximale et sexuelle, on est sans cesse rattrapé au vol et ramené sur terre. Balthazar veut qu’on l’écoute et réclame de l’attention. Car ce n’est pas une mince affaire de parvenir à marier dans la même chanson

(On a Roll) la sensualité d’une soul languide aux harmonies vocales et aux cuivres tristes de Bon Iver.

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