Un cours de droit et des travers
Connaissez-vous bien L’AGNOTOLOGIE et savez-vous tout de la loi qui entend prochainement porter atteinte à NOS LIBERTÉS ?
SÉCURITÉ GLOBALE,
DE QUEL DROIT ?
Tout est allé très vite. En novembre 2020, le gouvernement faisait adopter une loi sur la “sécurité globale” dont l’article 24, visant à punir le fait de diffuser des images de policier·ières agissant dans le cadre d’une opération, avait pourtant suscité une vive opposition. Le documentaire en accès libre Sécurité globale, de quel droit ?, réalisé par Karine Parrot et Stéphane Elmadjian, revient plus largement sur le texte. Sept juristes (Pascal Beauvais, Olivier Cahn, Lucie Cluzel, Christine Lazerges, Raphaële Parizot, Ludivine Richefeu et Noé Wagener) le décryptent point par point et partagent une vive inquiétude pour nos libertés. “C’est très significatif de voir ainsi des personnes, qui réfléchissent depuis des lieux et avec des expériences différentes, arriver aux mêmes conclusions, nous explique Karine Parrot, professeure de droit à l’université de Cergy-Pontoise. La ‘sécurité globale’ est un mirage, une idéologie qui sert de fondement au développement d’une surveillance de masse qui, si on n’y prend garde, pourrait nous conduire à une société orwellienne...” Alors que le texte va revenir au Sénat en mars prochain, le film soulève des questions urgentes. “Cette loi qui va multiplier les dispositifs de surveillance et de répression risque d’être adoptée alors que nos libertés les plus élémentaires
– celles d’aller et venir, de nous réunir, de manifester – sont entravées”, souligne Karine Parrot. Un timing qui donne, lui aussi, raison aux militant·es engagé·es contre ce texte.
Sécurité globale, de quel droit ? de Karine Parrot et Stéphane Elmadjian, sur Vimeo et sur bit.ly/3ab4oaF
LA FABRIQUE DE L’IGNORANCE Souvenez-vous : le 28 février 2020, devant une foule de supporter·trices de Caroline du Sud, Donald Trump qualifiait le coronavirus de “supercherie”. A cette époque, le Covid-19 était pourtant déjà à l’origine de près
Alors que le texte reviendra au Sénat en mars, le film soulève des questions urgentes
de 2 000 décès en Chine et le nord de l’Italie imposait ses premières mesures de confinement. Deux mois plus tard, alors qu’une partie du monde est confinée, le président américain suggère d’injecter de l’eau de Javel dans le corps des malades. Le tout devant ses conseiller·ères ébahi·es. Depuis le début de la crise sanitaire, rumeurs et contre-rumeurs ne cessent ainsi de se répandre et de s’immiscer partout. Petit à petit, les convictions erronées gagnent les esprits, et le déni scientifique prend corps. La fabrique de l’ignorance est en marche.
C’est sans compter l’émergence d’un concept apparu au XXIe siècle : l’agnotologie – autrement dit, l’étude de la production active faisant obstacle à notre savoir. Pourquoi a-t-on attendu plus de quarante ans avant de reconnaître officiellement la dangerosité du tabac sur la santé ? Comment explique-t-on qu’en 2021 les climatosceptiques soient encore si nombreux·euses ? Derrière ces exemples se cache en réalité une machinerie bien huilée, celle des industriels qui dépensent des millions de dollars en “recherche scientifique” afin de semer le doute et de détourner les soupçons en multipliant les suspects. Une enquête vertigineuse d’Arte, qui pose ses caméras entre l’Europe et les Etats-Unis pour mettre à nu ces stratégies pensées de l’ignorance. Fanny Marlier
La Fabrique de l’ignorance de Pascal Vasselin et Franck Cuvelier, le 23 février à 20 h 50 sur Arte et jusqu’au 23 avril sur arte.tv