Les Inrockuptibles

Le déclic, c’est Manchester

En janvier 1997 arrive enfin la suite de Da Funk, un single qui fit l’effet d’une claque dans le paysage musical français. A la veille de la sortie de son premier album, HOMEWORK, on rencontrai­t le duo pour la première fois.

- TEXTE David Blot PHOTO Patrick Messina pour Les Inrockupti­bles

Thomas Bangalter — A la maison, il y avait un piano et des guitares, mais pour écrire des chansons, mon père [Daniel Vangarde] allait en studio, et toute cette partie de son travail, je ne la voyais pas. Ecrire et jouer de la musique me semblait normal, pas du tout extraordin­aire. Mais, pour autant, ce n’est pas cette proximité qui m’a donné l’envie de m’y mettre. Plus jeune, j’étais surtout passionné de cinéma. La musique, c’est venu à 12 ou 13 ans. Avant de rencontrer GuyManuel, c’était surtout pour la rigolade.

Guy-Manuel de Homem-Christo — On s’est rencontrés en classe de quatrième et, à cette époque, je fréquentai­s un autre pote, plus vieux, qui m’a fait écouter pour la première fois Hendrix, les Doors, le Velvet, Suicide – et tout ça en l’espace de quinze jours. A partir de là, j’ai commencé à chercher dans la musique les groupes cachés, les génies musicaux.

Thomas — On passait notre temps à écouter des disques et à traîner dans

Paris. Surtout à Saint-Michel, vers les boutiques New Rose ou Gibert. On tournait en rond tout le temps. Guy-Manuel — Génération de glandeurs.

Qu’avez-vous retenu des grandes tendances musicales des années 1980 ?

Thomas — Je détestais la new wave, Cure, Indochine, Depeche Mode et tous ces trucs de mecs de 16 ans. Cela dit, je détestais Madonna aussi – et j’avais tort.

Guy-Manuel — Vers 1990, 1991, on avait 14 ans et on s’est acheté des instrument­s chacun de son côté, on a fait des petites répètes, le processus normal. En 1992, on a enregistré une demo sous le nom de Darlin’, on l’a présentée à Stereolab et ils ont aimé.

Comment êtes-vous passés du rock à la dance ?

Thomas — Au début de la house, en 1986, 1987, on était vraiment jeunots. On aimait bien S’Express parce que c’était dans les charts, pas parce que c’était la nouvelle tendance. La vraie découverte s’est faite lorsqu’on a commencé à sortir.

Guy-Manuel — Le déclic, c’est Manchester. Inutile de chercher plus loin.

Thomas — Avec Darlin’, on a commencé à aller dans les clubs. Et en quatre mois, on a compris et dévié de style musical. Contrairem­ent aux soirées rock, les gens allaient dans ces fêtes pour découvrir une musique et des morceaux qu’ils ne connaissai­ent pas. Le public y était forcément plus ouvert et curieux. Lors de nos premiers concerts, c’était déjà satisfaisa­nt de faire danser les gens. Après, c’est devenu notre principal objectif. Avec Darlin’, on se retrouvait dans des concerts de rock où l’ambiance était de plus en plus glauque avec ces types tout raides qui dodelinent vaguement de la tête.

Guy-Manuel — Génération Inrocks ! (rires)

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Daft Punk à Montmartre, à Paris, en 1997

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