Les Inrockuptibles

Teenage Fanclub

PeMa/Bigwax Malgré le départ de Gerard Love, les Ecossais au charme intact distillent en harmonie céleste douze mélodies mélancoliq­ues mais jamais amères.

- Noémie Lecoq

Endless Arcade

DÉFENSEURS D’UNE POP SENSIBLE, TEINTÉE DE FOLK et gorgée de soleil, les Ecossais de Teenage Fanclub ont marqué les années 1990 à leur façon : tout en douceur, à pas feutrés, laissant agir leurs albums (dont les superbes Bandwagone­sque, Grand Prix et Songs from Northern Britain) dans les oreilles des amateurs de Big Star, des Byrds et d’Orange Juice. Un groupe important, révéré par Kurt Cobain et Noel Gallagher notamment, et pourtant bien moins connu du grand public que certains autres qu’il a influencés – bref, un groupe culte. Plus tout à fait “teenage”, mais doté d’un fanclub toujours fidèle.

Cinq ans après Here, Teenage Fanclub revient avec Endless Arcade, dont la sortie a été maintes fois repoussée ces derniers mois, comme beaucoup de projets espérés puis balayés par le Covid. Enregistré à Hambourg puis fignolé à Glasgow, ce neuvième album est leur premier depuis le départ de Gerard Love fin 2018. Que l’on se rassure : même sans son cofondateu­r et bassiste, qui était également l’un des trois songwriter­s, l’équipe s’en sort à merveille. Réduite à deux plumes étincelant­es (Norman Blake et Raymond McGinley, qui signent chacun six chansons dans un équilibre parfait), elle a été complétée par

deux nouveaux membres arrivés en renfort : un nouveau bassiste et, surtout, le Gallois Euros Childs, ex-leader génialemen­t zinzin de Gorky’s Zygotic Mynci, qui apporte ici sa contributi­on sous forme de claviers qui décoiffent.

Ne surtout pas croire certains titres défaitiste­s qui affirment que “le soleil ne brillera pas sur moi” (The Sun Won’t Shine on Me) ou que “tout se désagrège” (Everything Is Falling Apart). La lumière et la quiétude que dégagent ces mélodies, parfois mélancoliq­ues mais jamais amères, disent tout le contraire, tout comme les harmonies célestes qui survolent Endless Arcade du début à la fin. Pour une descriptio­n plus juste de la sensation que ce disque procure, il faut s’intéresser à la troisième chanson,

Warm Embrace, une cavalcade enjouée qui se traduit en français par “étreinte chaleureus­e” – un geste symbolique, distanciat­ion sociale oblige, qu’on leur renvoie tendrement.

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