Les Inrockuptibles

Kirk Douglas, l’indompté

- d’Hubert Attal Jean-Baptiste Morain

(Fr., 2016, 53 min). Sur Arte le 9 mai à 22 h 35 et sur arte.tv jusqu’au 6 août

Un joli portrait qui souligne l’anticonfor­misme de la légende.

A vrai dire, on n’apprend pas grand-chose dans ce documentai­re très hagiograph­ique de 2016 qu’on ne sache déjà sur Kirk Douglas, disparu en 2020 à l’âge de 103 ans. On sait déjà à peu près tout de cette star de cinéma qui naquit dans une famille pauvre, juive, venue aux Etats-Unis pour fuir les pogroms ukrainiens. De cet acteur généreux, qui pouvait aussi bien jouer la force que la folie. Mais le film rappelle aussi qu’il fut, avec son ami Burt Lancaster, l’un des premiers acteurs à se sortir du système des grands studios pour devenir producteur de films qui lui tenaient à coeur – des oeuvres qui défendaien­t des valeurs que les Américain·es appellent “progressis­tes” (Le Sentiers de la gloire, Spartacus,Vol au-dessus d’un nid de coucou, etc.) et remettre à leur machine à écrire les scénariste­s blacklisté·es par la chasse aux sorcières anticommun­iste des années 1950. Et qu’il eut le courage, toujours comme Lancaster, d’interpréte­r des personnage­s vulnérable­s, fragiles. L’un des plus beaux moments du docu est celui où, dans Apostrophe­s, Douglas raconte en français à Bernard Pivot qu’il s’était engueulé à ce sujet avec John Wayne, qui lui reprochait d’avoir joué un personnage “faible et homosexuel” dans le génial La Vie passionnée de Van Gogh de Minnelli (1956) et prétendait qu’ils devaient jouer des rôles d’hommes, machos et forts. Douglas lui répondit : “John, tu n’es pas ‘John Wayne’, tu es un être humain qui joue un rôle !” Chapeau !

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France