Les Inrockuptibles

Visite éclair dans un lieu de création. Ce mois-ci, la photograph­e et travailleu­se du sexe Romy Alizée nous ouvre les portes de sa chambre, son lieu de travail.

- romyalizee.fr Romy Alizée

Ma chambre est mon lieu de travail. C’est un studio parisien de 24 m2 avec une belle lumière, que j’occupe depuis 2017. J’y fais toutes mes séances photo. La première, c’était un autoportra­it où je “regarde” en l’air, les yeux fermés, et un garçon a sa tête entre mes cuisses. Je venais d’arriver dans cette chambre. La dernière, c’est une commande pour le magazine Gaze [qui célèbre le female gaze], où je pose avec deux ami·es qui m’embrassent les seins.

Dans mon travail, je questionne le regard que l’on porte sur les filles dénudées. Je parle aussi d’émancipati­on, d’“empuissanc­ement” à travers la sexualité. Les personnes que je prends en photo s’inscrivent dans un travail d’archivage que je mène afin de garder une trace des personnes minorisées. Je rends visible, mais pas que. Je me suis extraite de mon milieu populaire en posant nue, en montrant mes fesses. Quand on n’a rien, on n’a rien à perdre. Et puis, j’ai gagné en confiance et décidé de réaliser mes propres photos. Je me sens bien dans la pellicule car j’ai un rapport sensuel au tirage. Je travaille en noir et blanc car j’aime beaucoup le décalage. J’ai une tête à sortir des années 1930, mais, à un moment, dans la photo, on devine par exemple un gode en forme de tour Eiffel… Ma chambre est un endroit hyper-chargé de l’énergie des personnes venues poser, mais aussi d’objets et de vêtements rétro, accrochés un peu partout. J’accumule.

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↑ Dans la chambre de la photograph­e Romy Alizée.

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