Les Inrockuptibles

Jeux vidéo

Pour ses 35 ans, la saga phare de Nintendo s’offre une réédition en HD de l’un de ses épisodes les plus controvers­és, mais qui nous entraîne dans une aventure lumineuse et inventive.

- Erwan Higuinen

Dix ans : à l’échelle du jeu vidéo, c’est presque une éternité. Il y a dix ans, Sony n’en était encore qu’à sa PlayStatio­n 3,

GTA à son épisode IV, et la Wii, consolephé­nomène de l’époque, accueillai­t son deuxième Zelda, Skyward Sword. C’est ce même jeu qui revient cet été, remasteris­é en HD sur la Switch pour lancer les festivités du 35e anniversai­re de la saga et occuper le terrain en attendant la suite de

Breath of the Wild. Et qui pourrait causer quelques surprises à ceux et celles qui l’ont découverte avec ce dernier, le Zelda de tous les bouleverse­ments.

Si elle s’appuie souvent sur les mêmes éléments, la série de Nintendo évolue aussi par flux et reflux. Elle a ses périodes sombres ou légères, ses épopées et ses récréation­s, ses envies d’ailleurs et ses retours à la maison. Skyward Sword, qui débute dans un village dans les nuages quasi miyazakien, tenait à la fois du retour à la lumière après le plus âpre

Twilight Princess et de la poursuite d’une sorte d’inventaire des modes de transport : après la mer (The Wind Waker, Phantom Hourglass) et le chemin de fer (Spirit Tracks), place au voyage aérien sur le dos d’un grand oiseau qui nous conduit aussi bien vers les autres archipels flottants dans le ciel que sur la terre ferme pour y mener, au fil des donjons à énigmes, une aventure

Zelda inventive mais structurel­lement classique.

Chez Nintendo, qui conçoit jeux et consoles en parallèle, un Zelda, comme un Mario, reflète souvent la philosophi­e de la machine qui le fait tourner. Ainsi, bien qu’il existe aussi sur la Wii U,

Breath of the Wild exalte un goût de liberté qui fait écho au concept même de la Switch, console portable et de salon à la fois. Avec son gameplay reposant sur la détection de mouvements (pour viser, donner des coups d’épée…) et, donc, sur l’implicatio­n physique,

Skyward Sword faisait de son côté figure d’aboutissem­ent pour les principes de la Wii. Sur Switch, cette manière de jouer n’est qu’une option, et il devient possible de vivre Skyward Sword avec une manette traditionn­elle. Au risque de s’éloigner du projet initial ?

Cela pourrait bien être le principal intérêt de cette nouvelle version qui, ni sacralisat­ion ni trahison, confronte

Skyward Sword à d’autres logiques, d’autres pratiques et d’autres jeux que ses contempora­ins d’hier. Ce qui donne une raison supplément­aire de (re) découvrir ce Zelda un peu bizarre, qui reçut en son temps un excellent accueil critique mais traîne depuis une assez mauvaise réputation. La remasteris­ation n’est pas forcément un embaumemen­t. Ce peut être aussi un retour à la vie.

The Legend of Zelda: Skyward Sword HD (Nintendo), sur Switch, environ 60 €. Sortie le 16 juillet

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