Les Inrockuptibles

KINGDOM d’Anne-Cécile Vandalem

Librement adaptée de Braguino de Clément Cogitore, cette dystopie à la mise en scène virtuose souffre d’un récit trop anecdotiqu­e.

- Igor Hansen-Løve

La metteuse en scène belge Anne-Cécile Vandalem clôt avec Kingdom sa trilogie consacrée aux “grands échecs de l’humanité” – selon son expression –, entamée en 2016 avec Tristesses, poursuivie en 2018 avec Arctique.

La première pièce traitait de l’inexorable (re)montée en puissance des partis d’extrême droite au Danemark ; la deuxième, de la catastroph­e écologique à venir dans les mers glacées du Groenland ; celle-ci, plus sombre encore, est dédiée à la déroute d’une utopie collective dans la taïga. Librement adaptée d’un documentai­re de l’artiste Clément Cogitore (Braguino), Kingdom met en scène deux familles ayant fui les vicissitud­es modernes pour fonder une nouvelle société en pleine nature, plus harmonieus­e et équitable.

La pièce débute avec le fiasco du projet : quand une équipe arrive sur les lieux pour réaliser un film sur leur expérience, les deux clans vivent barricadés de part et d’autre d’une clôture et ne se parlent plus. Au fil de ses trois pièces dystopique­s, Anne-Cécile Vandalem est passée experte des entrelacs théâtrecin­éma, projetant les séquences d’intérieur filmées en direct, mêlées à de très belles scènes de groupe jouées au plateau – avec les enfants notamment. Mais sa virtuosité à la mise en scène, aussi captivante soit-elle, ne compense pas les faiblesses d’une intrigue mal construite et trop anecdotiqu­e. Si l’enjeu des mythes fondateurs racontés aux enfants, seulement esquissé ici, avait été au coeur du récit, celui-ci aurait certaineme­nt gagné en singularit­é. Kingdom, adaptation et mise en scène Anne-Cécile Vandalem, avec Arnaud Botman, Laurent Caron, Philippe Grand’Henry, Épona Guillaume… Du 19 au 22 octobre, Théâtre du Nord, Lille.

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