Les Inrockuptibles

LOVE ON THE BEAT d’Alex Beaupain

Le chanteur français revisite un Gainsbourg mineur mais cher à son coeur, avec force cordes et vibrations club.

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Octobre 1984. Photograph­ié par William Klein, Serge Gainsbourg s’affiche en beau travelo sur la pochette de Love on the Beat. Une nouvelle provocatio­n pour celui qui laisse de plus en plus libre cours à son alter ego Gainsbarre

– six mois plus tôt, il brûlait un billet de banque en direct à la télévision. Âgé de 10 ans à l’époque, Alex Beaupain est émoustillé comme bien d’autres de sa génération par ce disque de funk synthétiqu­e en rut – la version X du modèle assumé, Let’s Dance de Bowie et Nile Rodgers, porte d’entrée pour un univers ambigu et obscène, entre le backroom et le bordel.

Parce que Love on the Beat a construit en partie son imaginaire et l’a toujours accompagné, le chanteur quadragéna­ire a décidé d’en faire un remake intégral.

Un geste artistique qui s’annonce casse-gueule – pas facile de reprendre la mélodie parfaite de Sorry Angel – et tient de la prise de risque, tant ce Gainsbourg, moins noble qu’Histoire de Melody Nelson ou L’Homme à tête de chou (repris par Bashung en 2011), flirte souvent avec le soufre. Il suffit de se pencher sur Lemon Incest, le duo entre Serge et sa fille Charlotte qui, déjà, créait le scandale dans les eighties.

Accompagné par les frères de Faux Real, Beaupain n’évacue pas la thématique initiale et, la voix claire, équilibris­te au bord du précipice, il fait briller la poésie transgress­ive du texte. Si son goût évident pour la langue de Gainsbourg lui impose un minimum de respect, il ne joue pas au guide d’un musée immaculé. Beaupain donne de la vie, transmet sa vision, troque le funk putassier de l’original pour de l’electrodis­co majestueux.

Un orchestre et des cordes arrangées par Valentine Duteil, mais aussi les synthés et les programmat­ions rythmiques de Saint DX confèrent à Love on the Beat, Hmm Hmm Hmm ou Kiss Me Hardy une grande souplesse, entre la musique de chambre et celle de club. Cette optique à la fois sensible et groovy, connaît son climax sur I’m the Boy, perle méconnue transformé­e en hymne mélancoliq­ue pour piste de danse torride. Vincent Brunner

Love on the Beat (Because/Virgin

Records). Sortie le 22 octobre.

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