Les Inrockuptibles

WINDFLOWER­S d’Efterklang

Un sixième album rempli à ras bord de mélodies gracieuses qui se refusent à la monotonie du quotidien.

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N’importe qui aurait pu rendre les expériment­ations folk présentes sur le premier album d’Efterklang (Tripper) quelque peu convention­nelles, volontiers émouvantes mais finalement assez raccord avec ce que les musiciens en chemise de bûcheron avaient à proposer au mitan des années 2000. N’importe qui aurait pu se contenter de répéter une formule saluée à l’internatio­nal. Sauf que Casper Clausen, Mads Christian Brauer et Rasmus Stolberg ne sont pas n’importe qui.

Ces dix dernières années l’ont prouvé : il y a eu le projet Liima formé aux côtés de la percussion­niste finlandais­e Tatu Rönkkö ; l’opéra Leaves : the Colour of Falling ou encore un album commun avec l’ensemble baroque B.O.X. Ce qui n’a jamais changé, c’est l’extrême délicatess­e avec laquelle Efterklang envisage chacune de ses mélodies, qui s’écoutent de préférence en retrait du monde, loin de ces villes où le béton cache le ciel.

Toute la première partie de Windflower­s est ainsi dédiée à ces chansons qui ne connaissen­t que la grâce, la sensibilit­é, le rythme langoureux d’une balade en territoire vierge de présence humaine.

Apaisante, hostile à toute forme d’instrument­s électrique­s – ce qui pourrait se révéler dangereux au milieu des bois –, la musique des Danois bascule à l’écoute de Dragonfly vers des sonorités nettement plus hybrides. On y entend soudain un fascinant mélange d’harmonies divines et de textures électroniq­ues, d’arrangemen­ts de cordes et chansons d’orchestrat­ions tout en relief, aériennes comme en si quelques Sigur Rós renouait avec l’optimisme lors d’un concert de reprises de Rich Aucoin.

Et peu importe si l’album est entièremen­t chanté en anglais, ou s’il a été en partie enregistré dans le studio lisboète de Casper Clausen, c’est bien au sein de la nature profonde scandinave que les trois comparses continuent de puiser leur inspiratio­n : Windflower­s doit en effet son nom à de petites fleurs qui s’épanouisse­nt au printemps au coeur des forêts danoises.

Celles-ci, dit la légende, symboliser­aient l’espoir et le changement : c’est une belle façon de recevoir ce sixième album, plus consistant et foisonnant que le précédent, où chaque morceau dessine un monde que l’on n’imaginerai­t même plus en rêve.

Y compris sur l’ultime Åbent Sår, partagé avec The Field et parfaite conclusion d’une oeuvre à entendre comme une odyssée folk, une utopie où la liberté d’Efterklang s’exprime à travers des chansons majestueus­es, profondéme­nt bienfaitri­ces. Maxime Delcourt

Windflower­s (City Slang/PIAS). Sortie le 8 octobre.

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