COLONNE d’Adrien Bosc
Simone Weil et Georges Bernanos engagé·es dans la guerre d’Espagne sous l’oeil incisif et curieux de l’écrivain et éditeur français.
“En août 1936, écrit Adrien Bosc en préambule de Colonne, son troisième roman, au début de la guerre d’Espagne, la philosophe Simone Weil, âgée de vingt-cinq ans, rallie les Brigades internationales au sein de la colonne Durruti sur le front d’Aragon.” L’auteur de Constellation part de cet épisode décisif de l’existence de l’écrivaine, pourtant passé sous silence par elle-même pour des raisons que son livre tâche d’élucider.
Toujours aussi rigoureux, dans un roman plus concis et percutant que ses deux précédents, Bosc décrit en historien les rares notes, correspondances et archives qui lui permirent de remonter la piste de son personnage. Mais c’est par les descriptions qu’il restitue l’effroi, la sidération et l’absurdité des champs de bataille. Il évoque autant Allemagne année zéro de Roberto Rossellini que les images du front prises par la photographe américaine Lee Miller. C’est aussi l’atmosphère joyeuse, foutraque, de cette fameuse colonne Durruti que Bosc retranscrit, ces Français·es engagé·es aux côtés des rebelles anarchistes ou communistes contre Franco. Une seconde partie du livre décrit presque les mêmes événements mais depuis le camp opposé, soit du point de vue de l’écrivain catholique et soutien dans un premier temps de Franco, Georges Bernanos.
Lui aussi sombrera, comme Simone Weil, dans la désillusion et aura le courage de dévoiler les méfaits de ceux auprès desquels il s’est battu. Si la philosophe ne crut plus bientôt à la victoire des républicains – y avait-elle jamais cru ? –, “elle restait fidèle à un principe dont elle excluait l’idée même d’efficacité : toujours rallier le camp des vaincus”.
Colonne d’Adrien Bosc (Stock), 120 p., 17 €. En librairie le 5 janvier.