Les Inrockuptibles

SAD CITIES de Sally Shapiro

- Patrick Thévenin

Le duo suédois sort de sa retraite pour mieux nous faire rêver sur le dancefloor.

En 2006, quand le single I’ll Be byYour Side de Sally Shapiro, sublime pastiche d’italo disco, s’est imposé en pleine explosion de la synthwave – cette résurgence mélancoliq­ue de la new wave par des kids qui n’avaient pas connu les glorieuses eighties –, le duo suédois se tenait déjà à l’écart de toute cette mouvance électroniq­ue coincée entre la musique de John Carpenter et les joysticks des Commodore. Terrain de jeu entre le producteur Johan Agebjörn et la chanteuse Sally Shapiro, le groupe est devenu une sorte de plaisir coupable pour tout fan d’italo qui se respecte. Et les influences entendues sur leurs quatre albums ne manquent pas : l’euro disco entêtante du producteur Bobby Orlando, la nonchalanc­e solaire du balearic, l’over-kitsch de l’Eurovision et même, comme le cite souvent Sally, les nappes de synthés dramatique­s des premiers Mylène Farmer ou Elsa !

Malgré leur séparation il y a cinq ans, comme si Johan Agebjörn et

Sally Shapiro cherchaien­t à prendre les chemins de traverse d’un style dans lequel il et elle s’étaient enfermé·es, la pause fut de courte durée, et récemment Sally Shapiro faisait un retour en fanfare aux côtés de Ryan Paris, légende plus si jeune de l’italo, tout en annonçant leur prochain album Sad Cities sur le label

Italians Do It Better, cofondé par le sorcier des synthés Johnny Jewel.

En bon touche-à-tout, ce dernier n’a pu s’empêcher d’y glisser sa patte de coproducte­ur, déjà par cette manière de déplacer les influences eighties, le centre de gravité du groupe, vers les nineties.

Fading Away, le premier single avec ses synthés déchaînés, son chant passé à l’hélium et sa rythmique appuyée, est un enfant illégitime de New Order sous codéine ; Down This Road amuse avec son solo de saxophone et ses riffs de guitare électrique tirés des pires clips des débuts de MTV ; Sad City ressemble à une demo sortie du coffre-fort des Pet Shop Boys ; Million Ways joue la carte pianohouse chère à Stock Aitken & Waterman, tandis qu’une boucle acide rappelle un lointain Detroit techno sur Tell Me How. Bien moins déprimé que son titre ne le laisse paraître, Sad Cities marque le retour inspiré de Sally Shapiro, tandem plus aventureux et dansant, joyeux et mélancoliq­ue, mais toujours auréolé de la voix inimitable de Sally qu’on ne peut s’empêcher de comparer à la diva italienne Valerie Dore.

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